Université populaire Jazz, le 5 avril 2017

Bonjour,

Ah la west coast, ses villes – Los Angeles, San Francisco – son soleil mythique, ses plages belles par définition : Hermosa Beach est le lieu du Ligthouse où se produisent Howard Rumsey et ses groupes pour des jam sessions forcément endiablées qui drainent toute la jeunesse.
Nous avons entendu ses groupes issus soit de l’orchestre de Woody Herman soit de celui de Stan Kenton. Ces Big Bands ont fait l’objet de la dernière session en même temps que les chanteuses qui ont marqué l’orchestre de Stan Kenton.
Je n’ai pas fait mention des arrangeurs, pièce importante de ces ensembles. Un travail de l’ombre. Désormais, ils et elles sont crédité-e-s au générique. Une bonne chose.
L’arrangeur du concerto de la fin de tous les concertos est un Sicilien d’origine, Pete – Pietro – Rugolo. Il a le sens de l’humour mais aussi une connaissance approfondie des compositeurs de la musique contemporaine, Stravinski et surtout Berg et Schönberg tout en ayant été l’élève de Darius Milhaud – un des seuls de la bande des quatre qui a fait le voyage dés les années 20 à Harlem pour découvrir ce que Hughes Panassié, plus tard, bien plus tard, appellera le « vrai jazz.
Cette composition interprétée par l’orchestre de Kenton ne ressort pas des arrangements voulus par Spike Jones – par ailleurs des musiciens remarquables – mais de la volonté de tourner une page, celle des concertos classiques pour élaborer de nouvelles formes.
Kenton est, quelque fois angoissé. Après un concert, il demanda à la cantonade « Qu’est-ce qu’on peut faire maintenant ? » et un musicien, dans le fond du car répondit « Si on faisait du swing, Stan »…
Je vous propose, pour cette session de réparer un oubli, deux chanteuses pas totalement de jazz mais qui ont beaucoup à voir avec le jazz… A découvrir, je ne vous dis pas tout en avance…
Puis l’orchestre que composa Pete Rugolo en 1954, des musiciens issus, pour la plupart, de l’orchestre de Kenton
et, le propos de cette session : l’utilisation d’instruments de la musique symphonique peu usités dans le jazz dans ces années 1950, la flûte, le basson, le cor et le tuba.

Bud Shank sera le flûtiste, Bob Cooper le basson (en même temps l’arrangeur et le chef d’orchestre) pour des duos étranges. Aujourd’hui l’utilisation de la flûte ne pose pas de pb, à ce moment là, elle apparaît étrange. Certes ce n’est pas la première fois qu’elle est présente dans un orchestre de jazz. Wayman Carver, né à Cuba, en jouait dans l’orchestre de Chick Webb – grand batteur malgré son handicap, il était bossu – au milieu des années 30.
Le basson lui vient d’ailleurs. Bob Cooper s’en fera le spécialiste. Il sera suivi par Illinois Jacquet au grand dam de tous les fans de ce saxophoniste ténor capable de tous les débordements. Son « Round About Midnight » sera d’une grande délicatesse sur cet instrument tout de même bizarre.
Un duo de flûtes pour une fraternité nécessaire. Herbie Mann et Buddy Collette. « Flute Fraternity » est le titre de l’album qui les réunit en 1957. Ils jouent aussi de la clarinette, de la clarinette basse, du saxophone alto et ténor pour Collette et du ténor seulement pour Herbie. Un mélange réussi…
Il ne fallait pas oublier Le tuba, le cor – french horn de l’autre côté de l’Atlantique – avec deux musiciens assez étranges : Red Callender qui joue aussi de la basse – et ce avec tout le monde, des boppers à Louis Armstrong et même dans des groupes de rock ou de pop – et John Graas, pionnier de l’utilisation du cor dans le jazz (14 mars 1917 – 13 avril 1962). Pour souhaiter son 100e anniversaire… Décidément le premier disque de jazz a coïncidé avec des naissances en grand nombre. Manière aussi de rendre hommage à ce musicien mort il y a 55 ans… Shorty Rogers dans cet album de 1953 « Cool and Crazy » avait intitulé la rencontre de Bob Cooper et de John Graas « Coop de Graas », sorte de jeux mots polyglottes…

Deux exemples du talent de Red Callender. « Speak Low », une composition de Kurt Weil, le 28 octobre 1956, Buddy Collette, flûte et clarinette, Bob Bain guitare, Red Mitchell basse, Bill Douglass batterie

Red toujours le 30 avril 1958, Gérald Wilson (tp), Buddy Collette (fl), Billy Bean (g), Gerald Wiggins (p), Red Mitchell et Bill Douglass : « Autumn in New York »

Un autre arrangeur sera aussi présent, Bill Holman… Mais aussi Gerry Mulligan…

A vous voir,

Nicolas (à suivre comme d’habitude)

Une suite avec Bill Holman, chef d’orchestre et arrangeur fin avril 1995 pour une composition de Jimmy Rowles, « The Peacocks », soliste le clarinettiste basse Bob Efford.

Et deux extraits de l’orchestre de Stan Kenton, Fascinating Rhythm et Concerto to End All Concertos, arrangé par Pete Rugolo (je ne vous avais fait écouter qu’une version en public)