Sur la place des femmes dans les sociétés.
« L’enfant invisible, de Cornelia Read, met en scène le New York des années 1990 pour une enquête de Madeline Dare, le double de l’auteure, sur le meurtre, semble-t-il, d’enfant noir de trois ans. Un périple qui met en lumière le traumatisme de ces femmes obligées de paraître pour occuper une place enviable dans cette société qui, encore aujourd’hui, exclut les femmes des postes de pouvoir. Passent aussi ces pères capables d’actes pédophiles sur leurs filles les tuant à petits feux comme les désertions des mères enfoncées dans leur rôle social. La révolte qui pointe à chaque page, malgré un ton qui se veut désinvolte, est toujours et encore – il suffit d’entendre Trump – actuel.
Une histoire, semblable par beaucoup d’aspects à la précédente, est aussi la trame d’un premier roman de Jessica Knoll, « American Girl ». Le New York est celui d’aujourd’hui et Ani – un pseudo, elle cache ainsi son origine italienne – veut être la New-yorkaise branchée qui possède un anneau de diamant en bague de fiançailles et la carte bleue de son futur époux, Luke – chanceux en français – qui fait partie de la frange la plus riche de cette société. Knoll décrit par le détail le quotidien fastidieux de cette jeune femme, journaliste à l’équivalent de « Cosmopolitan ». Une fêlure se cache derrière cette soif de réussite, « Columbine », ce lycée mis à feu et à sang par un jeune armé d’un fusil qui avait des raisons d’en vouloir à ses congénères riches. Un viol collectif notamment dont a été victime Ani. Cette prise de conscience, cette vengeance aussi fait voler en éclats tout le paraître devenu, soudain, inutile.
Ariana Franklin, quant à elle, nous plonge, pour le deuxième opus de cette série – « La morte dans le labyrinthe » -, dans le monde de l’Angleterre d’Henri II au milieu du 12e siècle via les aventures d’une médecin des morts, Adelia Aguilar mise au service du Roi et amoureuse de l’évêque Rowley. Elle enquête sur la mort de la maîtresse du Roi Rosemonde Clifford et sur un complot pour évincer Henri II au profit d’un de ses fils. Une réussite pour l’intrigue, le style, le personnage de la jeune femme et l’information sur cette période pas très connue. On attend la suite.
Nicolas Béniès.
« « L’enfant invisible », Cornelia Read, traduit par Laurent Bury, Babel Noir ; « American Girl » Jessica Knoll, Actes Sud ; « La morte dans le labyrinthe », Ariana Franklin, traduit par Vincent Hugon, 10/18 Grands détectives.