Réflexions modernes sur la recherche médicale.
Viviane Moore poursuit les enquêtes de son nouveau détective – ici Jean du Moncel, commissaire au Châtelet – commencé avec « La femme sans tête ». « L’homme au masque de verre » nous fait pénétrer dans le Paris de cette année 1584. La mort est omniprésente, les maladies, les épidémies – la peste en particulier – aussi. La médecine est dominée par le chirurgien Ambroise Paré qui a fait ses classes sur les champs de bataille. Dans même temps, par une volonté semblable, les alchimistes essaient de trouver la pierre qui sauve de toutes les maladies. Pour tester, il faut des cobayes. A-t-on le droit, éthiquement parlant, de faire ingurgiter à un malade même en phase terminale, un « médicament » qui peut le faire mourir immédiatement ?
Ce milieu du 16e est aussi celui de l’essor des recherches médicales, de la formation des futurs médecins dans une Académie fermée aux femmes. Certaines bravent l’interdiction en se déguisant en homme pour suivre ces études. C’est le cas de Sibylle Le Noir, fille d’alchimiste et futur médecin qui synthétise la rencontre entre ces deux mondes.
Le commissaire doit résoudre de drôles d’affaires qui met en scène à la fois les besoins de la science – il faut des cadavres pour les disséquer et comprendre le fonctionnement du corps humain – et les croyances dans l’alchimie. Dans tous ces cas, il se trouve face à la volonté de faire le bien, de vouloir guérir. L’assassin est une abstraction mais une abstraction réelle, la croyance dans l’antidote globale ou dans les nécessités de la recherche.
Viviane Moore se permet à la fois une réflexion sur les frontières du bien et du mal – le bien se transforme en mal -, sur les limites de la recherche médicale et sur les croyances. Le tout enveloppé dans la découverte du Paris de 1584 qui mérite tout autant notre attention.
Nicolas Béniès.
« L’homme au masque de verre », Viviane Moore, 10/18, Grands détectives.