Une identité multiple
Myriam Alter se situe à la confluence – au carrefour ? – de cultures diverses qu’elle a, sans doute, mis du temps à accepter et à digérer. Séfarade, elle a baigné dans cette musique judéo-espagnole qui possède une grande histoire et une énorme mémoire. Elle est souvent oubliée mais elle a alimenté des musiques, des cultures diverses. Ran Blake autrefois lui a fait une place. Pour autant, elle n’ignore rien du piano classique qu’elle a commencé à étudier ni du jazz découvert sur le tard.
Pour son sixième album – et son troisième pour Enja -, elle a fait appel de nouveau à John Ruocco, clarinettiste original et capable de transmettre toutes les émotions avec un son qui conserve son sang froid, Luciano Biondini accordéoniste remarquable, Michel Massot au trombone et surtout au tuba, Michel Bisceglia pianiste et arrangeur, Nick Thys à la contrebasse et Landers Gyselinck batteur. Elle veut, par ces intermédiaires, faire vivre ses compositions. Le titre de cet album, « Cross Ways », indique bien sa volonté de faire vivre toutes les identités, des identités en évolution. Rien n’est jamais figé. La musique moins que tout autre art. Elle est rencontre. Le titre pourrait signifier carrefour de manière de faire, d’être. Cross, en slang, signifie « se faire avoir » un objectif de tous les artistes pour mettre le public dans sa poche.
Elle n’y réussit pas tout à fait. Par manque d’énergie des participants. Ils ne se livrent pas suffisamment, n’arrivent pas à enfoncer les portes. La cause est, sans doute, dans le manque de répétitions. Sur scène il ne faudra pas manquer Myriam Alter.
Elle livre, à la fin, comme une cerise sur un gâteau de fête un peu ratée, « No Room To Laugh », composition et solo de piano de Myriam dédiée à Mal Waldron. Visiblement, Mal par delà sa disparition, reste un grand inspirateur. On attend la suite…
Nicolas Béniès.
« Cross Ways », Myriam Alter, Enja distribué par Harmonia Mundi.