Le polar psychanalytique.
Je ne sais si F.R. Tallis a des ancêtres mais il est train de donner ses lettres de noblesse à un nouveau domaine du polar, la psychanalyse.
Catherine Gildiner pourrait servir de pionnière du genre. Elle se servait des codes du polar pour mettre en scène les controverses qui agitent le monde de la psychanalyse. Elle donnait aussi un corps, en quelque sorte, aux concepts de Freud. Ces assassinats, prétextes nécessaires aux polars, permettaient d’expliquer les raisons de l’abandon du concept de « Séduction » – titre de son roman paru aussi chez 10/18 en 2010 – par Freud. Une manière intelligente de faire pénétrer le lecteur dans le débat autour de la pensée de Freud.
F. R. Tallis se situe lui au cœur de l’analyse. Il fait du lecteur, l’analyste. A lui de comprendre le narrateur, de le décrypter.
« La chambre des âmes » se situe à la fin des années 1950. Une façon de faire le point – et de critiques – des méthodes utilisées par les psychiatres de l’époque. Ils avaient tendance à jouer les apprentis- sorciers, à se prendre pour Dieu en imposant des idées à leurs patients. Les électro chocs, on le sait aujourd’hui, ont détruit des cerveaux.
Le narrateur est un psychiatre, James Richardson, qui a tendance à vivre avec des ombres, des esprits. Qui semble mal vivre ou plutôt de faire partie d’un monde à part. Il diffuse un malaise qui possède le lecteur. Dans un premier temps, tout à l’air logique…
Le coup de théâtre final, un coup de génie, vous obligera à reprendre l’histoire au début avec une autre grille de lecture…
Nicolas Béniès.
« La chambre des âmes », F.R. Tallis, traduit par Eric Moreau, Grands détectives, 10/18.