Du côté de chez ECM, un pianiste et un bassiste enregistré à Oslo.
La Norvège fait partie de ces pays qui font peu parler d’eux. C’est une erreur le jazz – ou une musique propre qui a ses racines dans le jazz – y connaît un développement spécifique. Depuis Garbarek, il – ou elle – s’alimente des chansons traditionnelles, comme pour cet album signé par le pianiste Tord Gustavsen, « Extended Circle », « Eg Veit I Himmerik EI Borg », je sais que dans le ciel il y a un château. Une réussite qui sait mêler toutes les références, du gospel à John Coltrane. Le saxophoniste de ce quartet, Tore Brunborg, est à suivre. Il nous réservera de grandes surprises. Un quartet soudé – Mats Eilertsen à la contrebasse et Jarle Vesperad à la batterie, partenaire de longue date du pianiste complètent la formation – pour des compositions signées ou arrangées par le pianiste. Une musique qui semble issu des brumes de ce pays mais qui sait parler de nos angoisses et de nos émotions.
Pourquoi cette empathie est-elle en partie absente du trio réuni par le contrebassiste Arild Andersen pour « Mira » ? Difficile à dire. Il manque le presque rien. Leur album précédent, enregistré en public, « Live at Belleville » (ECM), était une petite réussite. Le studio, peut-être, ne leur réussit pas. Non pas que Tommy Smith, saxophoniste et flûte Shakuhachi ou Paolo Vinaccia, batteur ou même le contrebassiste ne fasse pas preuve à la fois de virtuosité et de conviction, d’émotion et de froideur mais ils nous avaient introduit, dans l’album précédent, dans un monde tellement habité, original que celui là à un air de contrées souvent visitées. Il reste un trio qui sait s’écouter et faire tourner les idées.
Nicolas Béniès.
« Extended Circle », Tord Gustavsen Quartet ; « Mira », Arild Andersen, Paolo Vinaccia, Tommy Smith, ECM/Concord.