Après le 11 septembre 2001

Un monde barbare et incertain.
Le 11 septembre 2001 marque l’entrée dans une phase nouvelle.

Le 11 septembre 2001 est une date importante. Elle marque l’entrée dans une phase nouvelle. De nouvelles divisions apparaissent, des théorisations idéologiques deviennent force matérielle pour légitimer les guerres voulant justifier la domination absolue des États-Unis. Le monde est entré dans une période de guerre et de remise en cause des libertés démocratiques, s’expliquant par le recul de la politique qui suppose un minimum de consensus. Comme le disait justement Clausewitz, « la guerre est la poursuite de la politique par d’autres moyens ». Nous sommes donc entrés, si les mobilisations sociales et citoyennes ne sont pas capables d’imposer un autre monde, dans un univers de guerres pour légitimer la place impériale des Etats-Unis. Les déclarations de Georges « W » Bush sont révélatrices de cette nouvelle donne. « L’axe du mal » qu’il désigne comme l’ennemi permet d’inventer – à prendre dans le sens de « trouver » – un monde de nouveau divisé en deux. L’ennemi ce n’est plus le « communisme » comme pendant la guerre froide et la « chasse aux sorcières »1 mais l’Islam, reprenant la thèse de Samuel P. Huttington qui opposait l’Occident au monde arabo-musulman dans « Le choc des civilisations ». Une thèse non fondée scientifiquement mais qui exerce une influence sur la manière de concevoir le monde. Sans adhérer totalement aux thèses sociologiques dites « reconstructivistes » prétendant que l’adhésion à une théorie, à une idéologie dessine le monde, il faut reconnaître que les idéologies façonnent des mondes entre certaines limites. La thèse de Huttington ne permet en rien de comprendre le monde – le monde arabo-musulman étant aussi divisé que l’Occident – tout en offrant une sorte de légitimité partagé entre Bush et Ben Laden. Elle oblige – c’est son grand intérêt pour le gouvernement américain comme pour Ben Laden – à choisir son camp.

Le 11 septembre, d’une certaine façon, reconstruit le monde. Il étend son ombre sur la politique internationale – chaque pays cherche son « terroriste » qu’il désigne comme tel, Sharon a bien compris cette nouvelle réalité comme les chefs de guerre de l’armée israélienne –, sur l’économie internationale et dans chacun des pays faisant peser la menace d’une récession plus profonde qu’il n’apparaît dans ces premiers mois de 2002 et sur le social. Le « communautarisme » existant déjà dans les pays anglo-saxons – Etats-Unis et Royaume-Uni – risque de s’étendre à l’ensemble des pays d’Europe de l’Ouest. La remontée actuelle de l’antisémitisme l’indique. Le racisme anti-beurs ne disparaît pas pour autant. Ils s’alimentent des conflits en cours pour se définir dans le contexte de la mondialisation qui tend à broyer toutes les identités. Il se mêle au racisme anti-jeunes – voir la campagne de Chirac qui laissera des traces. L’extrême-droite en fait son terreau. Les deux branches – FN et MNR – jouant une partition différente. Le FN est plus antisémite et le MNR plus raciste. Les recompositions à l’intérieur de la droite risque de suivre ces lignes de pente pour répondre à la crise culturelle qui sévit à l’intérieur des partis de la droite traditionnelle qui fait écho à celle du mouvement ouvrier et plus généralement à la naissance de ce nouveau monde après la chute du Mur de Berlin.
La plupart des commentateurs, comme le souligne Dominique Taddéi,2 ont tendance à oublier cette date. Ils n’introduisent pas cette donnée dans leurs prévisions qu’elles soient économiques, sociales ou politiques. Pour eux, l’événement n’a pas eu lieu. Ces attentats, la guerre qui a suivi en Afghanistan – plus que la guerre du Golfe en janvier 1991 – ont profondément divisé le mouvement ouvrier et démocratique tout en permettant à « W » de devenir le président, accepté par tous les Américains. Les sondages font état de plus de 80% des populations étatsuniennes dont plus de 70% des « libéraux » – la gauche américaine – soutenant le président mal élu.3
Les auteurs des attentats ont ainsi rendu un fier service au nouveau président américain en le rendant légitime. On comprend pourquoi fleurissent les livres4 – faisant un succès de librairie – sur le complot intérieur aux Etats-Unis aboutissant aux attentats. Point n’est besoin de cette thèse rassurante à bien des égards. Le monde n’est pas aussi simple. Sa complexité repose sur des intérêts convergents et opposés. Chaque intégrisme – le gouvernement américain, Ben Laden5 ou d’autres – a intérêt à désigner l’autre comme le Mal, le Diable. Ce discours d’inspiration religieuse et sectaire fait un retour en force.
Tous les pays subiront l’onde de choc des guerres et des affrontements. Toutes les régions, et en premier lieu les pays arabo-musulmans se trouvent déstabilisées. Le gouvernement américain en bombardant l’Afghanistan, sous prétexte de lutter contre le terrorisme, renforce ces visées. Il faut éviter que l’émotion prenne le pas sur l’analyse comme le montre la tribune de Liliane Kendel – membre du comité de rédaction des Temps Modernes – dans Libération.6 Est-il possible de démontrer que la guerre menée par « W » Bush en Afghanistan permet de combattre la secte de Ben Laden ? Ces bombardements intensifs ne lui donnent-ils pas une nouvelle virginité en le posant comme la victime et à travers lui tous les peuples arabo-musulman ? Mesure-t-on la coupure qui s’élargit entre le Nord de plus en plus riche et le Sud de plus en plus délaissé ? Faut-il mettre entre parenthèses le retour ambivalent de l’Etat ? Retour qui s’effectue sur le mode répressif. La remise en cause des libertés démocratiques allant de pair avec la lutte contre le terrorisme. Les gouvernements voulant aussi contrôler le courrier passant par le Net. Tous les pays développés suivent cette voie. Cette restructuration de la forme de l’Etat,7 déjà bien entamée avant les attentats, s’est approfondie. Le libéralisme provoquant la crise politique, en s’attaquant au plus grand nombre, a besoin d’une forme autoritaire de l’Etat pour imposer ses directives.
Le président américain s’est retrouvé avec les pleins pouvoirs votés par le Congrès et le soutien du monde occidental via l’application de l’article 5 du traité de l’OTAN qui répond à un acte de guerre visant l’un des membres en déclarant la guerre à l’ennemi devenant ainsi commun.
Les bombardements sur l’Afghanistan reprennent à intervalles réguliers comme ce fut le cas pour l’Irak de nouveau menacé par les déclarations guerrières de « W ». Les Taliban en fuite reçoivent le soutien des autorités religieuses du Pakistan. Il n’est d’ailleurs pas sur que le régime issu d’un coup d’Etat de Mousharaf résiste à cette vague menée sous la forme de l’islamisme radical. La déstabilisation est en marche sans qu’apparaise une quelconque alternative politique et sociale. Sans parler des affrontements en préparation entre l’Inde et le Pakistan, en concurrence pour devenir le sous-impérialisme de cette région. Le président américain en profite pour se comporter en vainqueur imbécile en voulant voir le monde à ses pieds. Aucun autre impérialisme n’est assez fort pour lui tenir tête. Aucun gouvernement ne lutte non plus contre l’hégémonie du libéralisme malgré les conséquences néfastes de ces politiques sur les populations. Le débat sur les politiques économiques a régressé. Les politiques démissionnent. Ils renforcent ainsi la crise politique déjà profonde. Ils donnent l’impression qu’ils ne peuvent rien faire… Dans la campagne électorale française, ce recul du débat est perceptible. L’abstention ne peut que progresser.
Plus globalement, l’absence d’alternative au capitalisme renforce les tendances identitaires et les « maffias », les familles qui veulent régner sur le monde ou une partie du monde. Le libéralisme s’impose partout, dans tous les pays comme toutes les organisations internationales provoquant misère, pauvreté, restructuration sans offrir une vision d’un avenir différent de ce présent marqué au fer rouge par le passé décomposé et recomposé. Le processus de mondialisation est une des composantes essentielles de ce 21e siècle qui nait en novembre 1989, sans que le mouvement ouvrier soit à même de trouver une réponse à sa mesure. Se battre pour un autre monde suppose de refuser toutes ces fausses pistes, toute cette division auto entretenue.

Des idéologies contre la réalité du monde
Les attentats-suicides de New York et Washington ont dévoilé la réalité de ce monde de l’après-guerre-froide où ne subsiste qu’une seule super puissance, les Etats-Unis, où la Ville-Monde, New York, tient dans ses mains la vie de milliards d’individus, de pays ou de firmes parce qu’elle est le premier centre financier du monde.8 Un monde sans règles, sans vision, sans futur où ne règne que la loi du plus fort. La victoire américaine en Afghanistan a renforcé sa domination impériale sur le reste du monde. Les Etats-Unis sont devenus à la fois superpuissance économique – ce qu’ils étaient déjà -, politique et militaire. L’augmentation de 48 milliards de dollars prévue pour le budget de la Défense nationale aura comme conséquence d’asseoir la puissance américaine sur un tapis de bombes de plus en plus sophistiqué sans qu’aucun pays ou groupe de pays ne puisse les menacer. C’est une première.
Plus encore, « W » Bush veut imposer au reste du monde sa vision d’une planète divisée en deux. La politique internationale tourne désormais autour de la notion de « terroriste » que les journalistes s’emploient à vulgariser et à répandre.
Sharon a ainsi trouvé « son » terroriste, Arrafat. Il conduit « sa » guerre pour éradiquer les « terroristes » assimilés au peuple palestinien tout entier. Il ne veut pas d’un génocide. Il veut les chasser de leur terre pour réaliser un vieux projet du sionisme, « le grand Israël ». C’est le sens de la politique de colonisation. Le gouvernement américain laisse faire parce que cette guerre – depuis le 30 mars 2002 pour le moins elle est entrée dans une phase « ouverte » – vient apporter de l’eau à son moulin idéologique. Tout en demandant à Sharon de garder des limites acceptables… qui restent à définir. Yasser Arrafat a été piégé par le 11 septembre. Il lui a fallu choisir. Condamner ou non les attentats. C’était un engagement dont toutes les conséquences apparaissent de plus en plus nettement. Il était pied et poing liés. Il laissait le champ libre à Sharon. Qui en a profité.
Cette guerre du Moyen-Orient est dramatique pour l’ensemble des populations de tous les pays. Elle nourrit les affrontements entre communautés. Le combat de Sharon est un combat contre le droit, le droit des peuples à une nation, à un Etat. Un combat de colonisateur, sans aucune légitimité éthique, morale. Il s’abrite derrière la Shoah, derrière le génocide des Juifs pour justifier « sa » guerre. La population israélienne traumatisée par les « attentats-suicides » se range majoritairement derrière Sharon pour espérer retrouver la « paix ». Bafouer les droits d’une population entière, la mépriser, faire peser le joug de l’occupation génèrent le désespoir et la volonté de mourir dignement. L’armée israélienne construit les « terroristes » dont elle se sert pour justifier la poursuite et le développement des opérations militaires. Sharon rend plus difficile le travail de mémoire pourtant vital. Expliquer le génocide des Juifs et d’autres populations pendant la deuxième guerre mondiale devient un exercice périlleux. La responsabilité de toutes institutions de la communauté juive est engagée. Dénoncer la politique de l’Etat d’Israël devrait être vécu comme une nécessité.9 Faute de quoi, elles font le jeu de tous les fascismes.
D’autant que Sharon emploie des procédés qui fleurent bon les manipulations staliniennes ou fascistes. Il réécrit l’histoire continuellement.10 Ce conflit se rajoutant à un monde déstabilisé ouvre la porte à toutes les aventures. Le libéralisme est incapable d’offrir un futur, un avenir. Il ne peut dessiner qu’un passé décomposé sur lequel se greffe des « micro-identités fantasmées » prenant le masque des religions – revues et corrigées dans le sens de l’Inquisition espagnole pour qui il n’existait qu’une seule vérité, la sienne – ou des « identités » conçues comme manière d’exister contre les autres et non pas avec les autres cultures.
Cette guerre en Palestine a des racines à la fois anciennes – liée à l’idéologie du « Grand Israël » que défend explicitement Sharon – et nouvelles. Elle répond à la nouvelle configuration du monde depuis la chute du Mur de Berlin en même temps qu’à l’inflexion déterminée par les attentats du 11 septembre. L’idéologie – les justifications de la guerre – ne sont plus les mêmes. Ce changement est d’importance. Il indique les remises en cause en cours des droits démocratiques les plus élémentaires et la marche forcée vers la constitution d’Etats de type autoritaire dont le modèle ne serait vraisemblablement pas le fascisme ou le nazisme.
C’est la première conséquence de ces attentats. La remise en cause des droits de la personne humaine. La police se trouve légitimée et renforcée dans ses tâches de répression aveugle contre toute contestation de l’ordre libéral. La chasse au faciès a commencé aux Etats-Unis. Les pays du Sud se sentent encore plus exclus. D’autant que la crise financière comme économique le touche de plein fouet. L’onde de choc de la chute des « Twins Towers » s’est d’abord fait sentir dans ces pays. L’incertitude est à son comble et les opérateurs financiers recherchent la sécurité.
L’anti-mondialisation libérale se trouve assimilé au terrorisme pour déconsidérer ses propositions. Pourtant, la régulation devient une profonde nécessité. Le libéralisme a institué la guerre de tous contre tous, minant toutes les solidarités, décrédibilisant le politique et l’ouverture des possibles pour laisser le champ libre au « risque »11 individuel et au profit maximum et à un monde barbare.
Dans le même temps, après la guerre du Golfe, les Etats-Unis s’affirment comme l’impérialisme dominant. Les thèses, héritées de celles de Karl Kautsky,12 le présentant comme le super impérialisme ne résiste pas à l’analyse. D’abord parce que loin d’éviter la guerre, il la provoque, ensuite parce que les contradictions inter impérialistes – entre les Etats-Unis, le Japon et l’Allemagne – sont loin d’avoir disparues même si elles se sont estompées.

La géopolitique existe, Dussouy l’a rencontrée…
Ce monde interroge toutes les sciences sociales. En premier lieu la « géopolitique ». Dans une thèse récente,13 Gérard Dussouy essaie de construire un système de compréhension de ce monde né après la chute du Mur de Berlin, le monde du 21e siècle.14 Il se propose d’arriver à une « recontextualisation du monde », en passant en revue tous les auteurs suivant leurs disciplines15 – de la sociologie à la science politique en passant par l’économie, la démographie, la géographie et l’histoire – par le biais de la notion d’espace et en tenant compte des acteurs structurant ces espaces. Il formule trois configurations possibles. « L’intégration mondiale, sous la forme d’un ordre libéral hégémonique », tout d’abord qu’il appelle la Pax Americana, autrement dit un monde pacifié sous la conduite de la seule super puissance, les Etats-Unis, n’apparaît pas crédible. Son échec – inscrit dans toutes les guerres depuis celle du Golfe jusqu’à celle de l’Afghanistan, en passant par la Serbie et celles à venir selon toute vraisemblance – pourrait ouvrir la voie à une deuxième configuration, le chaos. Faut-il le craindre ? Non, répond-il, en se servant – mal à propos – de la théorie des physiciens. On sait que « l’effet papillon » se traduit par la naissance d’une nouvelle architecture du monde.16 Le chaos ne lui fait pas peur. Le Moyen Age non plus. Tout dépend, en l’occurrence, du poids des mots. Sa méthodologie est bancale. Il faut démontrer dés l’abord la pertinence de la « théorie du chaos » concernant les sciences sociales avant que de pouvoir l’appliquer mécaniquement. Sinon, il rentre dans les banalités du style du chaos actuel pourrait sortir des règles nouvelles… La question est de savoir lesquelles et comment elles s’élaboreront… La troisième, la plus probable, est celle de la régionalisation du monde, dont il est abondamment question dans la littérature économique, allant de pair avec le processus actuel de mondialisation. Seuls les marchés financiers sont réellement internationalisés. Cette « financiarisation » de l’économie – il n’y insiste pas – est un profond facteur de déstabilisation du monde. La finance impose ses critères et se traduit par le diktat du court terme et par la tyrannie de l’actionnaire, notamment des fonds de pension qui réclament 15% de dividende.
Ces trois configurations, pour lui, sont loin de s’exclure. Elles peuvent offrir une sorte de représentation du monde qui accepte l’impondérable et l’irrationnel. Manière donc de « botter en touche ». La « géopolitique » se trouve donc dans l’impossibilité d’offrir une grille de lecture de ce nouveau monde. Elle se trouve dans l’incapacité d’offrir une image vraisemblable de notre avenir commun. Elle ne peut que se référer au passé.
Les règles de ce 21e siècle ne sont pas encore forgées. Les outils de la « recontextualisation » n’existent pas encore. C’est un échec conceptuel. Qui apporte quelques éléments permettant de poursuivre cette réflexion. D’abord parce qu’il plaide pour l’interdisciplinarité seule façon d’appréhender le monde, ensuite parce qu’il nous invite, en creux, à la nécessité de l’anticapitalisme pour comprendre et changer le monde.17
Dans le même mouvement, il critique toutes les visions unicausales d’explication du monde. Dont celle de Samuel P. Huttington. Dans « Le choc des civilisations » cet auteur divise le monde en deux. La civilisation occidentale – qu’il aurait fallu définir – d’un côté, le monde arabo-musulman de l’autre. Ce « choc » sert à habiller toutes les aventures politico-militaires. Il ne permet pas de décrypter ce monde. C’est plutôt un monde fantasmagorique. Cette thèse souffre d’un biais méthodologique qui la désigne comme une construction strictement idéologique. La « culture occidentale » reste un mot sans être un concept. D’où vient-elle ? Sert-elle de ciment à des populations différentes qui possèdent des identités culturelles différentes ? Les mêmes questions devraient être posées concernant le monde arabo-musulman qui lui aussi se trouve élargit démesurément. L’auteur doit regretter le monde si simple de la guerre froide pour rechercher aussi obstinément un partage idéologique aussi simplificateur et éloigné des réalités.

Le Diable et le Bon Dieu, discours d’un monde barbare…
Les discours actuels, qu’ils soient signés « W » Bush ou Ben Laden empruntent beaucoup à la rhétorique du Moyen-Age. Chacun de son côté se présente comme le tenant d’une civilisation, d’un ordre – au sens moyenâgeux du terme. Une construction de sectes à la recherche de son corpus idéologique. Une représentation du monde qui s’éloigne des réalités.
Ce monde là est aussi un monde barbare. La disparition de l’URSS, la domination absolue du capitalisme à l’échelle mondiale pour la première fois depuis la révolution russe de 1917, le libéralisme comme seul corpus de pensée théorique ont conduit à la domination absolue – et nouvelle – des Etats-Unis sur le reste du monde. Pour s’affirmer, ils ont choisi la voie de la guerre faute de consensus minimum international pour s’imposer pacifiquement.
Les discussions à l’intérieur de l’OMC – Organisation Mondiale du Commerce créée en janvier 1995 – ont mis à jour, grâce aux manifestations de Seattle, les contradictions existantes entre les grands pays capitalistes développés et entre le les pays du Nord et ceux du Sud se sentant complètement exclus de toutes les tractations. Les populations des pays du Sud entretiennent une haine tenace contre l’impérialisme américain considéré comme responsable de leur situation via les grandes organisations internationales18 sans que le gouvernement américain ne s’interrogeât sur cette situation qui le déligitime. Une des réponses passe par une politique internationale qui œuvre au développement de tous les pays pour éradiquer la pauvreté et la misère et permettre l’épanouissement de chaque individu. La politique d’inspiration libérale est criminelle. En Argentine, elle est responsable de la désindustrialisation, du retour à une économie basée sur les matières premières – à la dépendance vis-à-vis des cours du marché mondial – et à une inféodation aux marchés financiers. La récession débutant en 1998 – liée à la crise financière internationale qui secoue les pays d’Asie du Sud Est19 et la fédération de Russie – se poursuit et s’étend jusqu’à la crise ouverte à la fin de l’année 2001 s’élargissant jusqu’à devenir culturelle. Le « tout à l’exportation » lié à l’impératif de la compétitivité s’est traduit par la nécessité de baisser les coûts salariaux pour gagner des parts du marché mondial et par la fermeture d’entreprises industrielles avec comme conséquence la baisse du marché final et l’exportation de capitaux remettant en cause l’accumulation sur le territoire national. Sur fond de crise de la dette, de lien entre le peso et le dollar accélérant la récession dans un contexte où les capitaux internationaux se plaçant aux Etats-Unis en désertant les pays émergents font monter le cours du dollar. La baisse actuelle du peso par rapport au dollar a appauvri une grande partie de la population. Les entreprises, à leur tour, ont été touchées. France Télécom mais aussi et surtout les groupes transnationaux espagnols qui avaient beaucoup investis en Argentine.
Il faudrait poursuivre les dirigeants de ces pays comme des grands organisations internationales – le FMI en tête – devant des tribunaux, à l’image du tribunal Russell, pour « crimes économiques » qu’il faudrait faire reconnaître.

Les « crimes économiques ».
Cette politique libérale a connu une rupture – aux États-Unis et aux États-Unis seulement – après le 11 septembre. Le « retour de l’Etat », en fait d’une politique d’inspiration keynésienne20 – en contradiction avec les déclarations de « W » Bush pendant sa campagne -, a eu comme effet l’augmentation de toutes les dépenses publiques. De la défense nationale jusqu’au « welfare » – les dépenses sociales. Sans remettre fondamentalement en cause la théorie libérale. Les gouvernements Républicains – du nom du parti de « W » – en ont l’habitude. Reagan, en 1982, avait lui aussi pratiqué un « mix » des politiques keynésiennes en augmentant les dépenses de l’Etat pour lutter contre la deuxième récession internationale – plus profonde aux Etats-Unis que partout ailleurs – et libérales en approfondissant la déréglementation. Dans le même temps, les compagnies d’assurances devraient voir leur profit diminuer même si elles arrivent à faire accepter ces attentats comme un acte de guerre. Le gouvernement américain a d’ores et déjà décidé d’aider les compagnies aériennes et les sociétés d’assurances pour éviter la faillite. Il aussi mis en place – comme en France et en Allemagne – une politique fiscale de baisse des impôts directs – l’impôt sur le revenu et l’impôt sur les sociétés – pour alimenter la reprise de la consommation d’un côté et celle des investissements de l’autre. Une politique qui n’aura que peu d’incidence. La baisse des impôts directs n’a que peu de relation avec la consommation. C’est une décision démagogique. La seule logique est la volonté de baisser l’impôt sur les société pour permettre aux entreprises d’augmenter le profit restant et, ainsi, suivant la théorie, ouvrir la possibilité de hausser les investissements. La théorie oublie le pouvoir de l’actionnaire qui veut voir augmenter son dividende – les profits distribués – faute de quoi il pourrait quitter l’entreprise, vendre ses actions et ce faisant faire baisser les cours. Les groupes préfèrent conserver leurs actionnaires et verser les 15 % demandés malgré la baisse de la profitabilité.
Cette politique de relance a eu des effets. Le marché final est reparti à la hausse, expliquant les signes actuels de reprise sur lesquels insistent la plupart des observateurs sans analyser – poids du libéralisme oblige – les causes profondes de l’actuelle récession américaine.21 Cependant la crise est loin d’être finie. Pour deux raisons principales. La crise actuelle est d’abord une crise de suraccumulation, de la profitabilité. Autrement dit, elle s’est traduit par la baisse du taux de profit. Les « profit warning » – les avertissements des entreprises aux opérateurs financiers et aux gérants de fonds de pension que leurs espérances de profit sont revues à la baisse22 – sont là pour en témoigner. De ce fait les cours de leurs actions baissent sur les marchés financiers. Le paiement de leur service de la dette devient problématique. Vendre des actifs n’est plus possible ou alors avec des moins values importantes. France Telecom se trouve désormais dans cette situation comme Vivendi obligé par les marchés de vendre ses entreprises de traitement de l’eau qui sont les activités les plus rentables du groupe. Il est plus difficile, pour elles de se financer. L’émission d’actions nouvelles n’est plus possible. Les banques refusent désormais de couvrir leur endettement. Le risque de faillite menace. La débâcle du groupe allemand Kirch provient de cet endettement faramineux et de l’impossibilité de se refinancer. La conséquence en sera la restructuration du groupe et, à la clés, des licenciements. Les restructurations touchent tous les secteurs et tous les pays. Il n’est pas étonnant que le chômage remonte.
Ensuite les attentats du 11 septembre ont ouvert, paradoxalement, une profonde crise de confiance des citoyens américains – les consommateurs – vis-à-vis de leur Etat et de leur économie. Toutes les enquêtes montrent que les formes de la consommation ont changé. Les entreprises mettront du temps à s’adapter à cette nouvelle donne. Les banques, prudentes, refusent de prêter davantage, accélérant ainsi la baisse de la consommation comme la hausse du chômage.
Ces deux raisons réunies expliquent le scandale Enron23 d’un côté et la poursuite vraisemblable de la récession sauf si le gouvernement Bush accentue la politique de relance. Incapable de faire face à sa dette gigantesque, le groupe Enron, le plus important courtier en énergie et en matières premières – et septième entreprise américaine – dont la fortune remontait à la privatisation du service public de l’électricité en Californie, a été obligé de se mettre sous la protection de la loi sur les faillites. Son financement et son développement ont prouvé l’efficacité du système dit de « cavalerie ». Acheter ses propres actions pour les faire monter, pratiquer les fonds de pension pour attirer l’épargne des salariés et leur promettre une retraite par capitalisations, payer les cadres par des stocks options… Autrement dit, pratiquer sur une grande échelle une forme de création monétaire qui ressemble mutatis mutandis au système que Law avait mis en place sous la Régence en France au début du 18e siècle. Un système fondamentalement inflationniste. Qui a permis aux dirigeants de Enron de financer la campagne de « W » Bush… Pour la petite histoire, Gary Becker – un des chantres du libéralisme – regrette, dans BusinessWeek24 que ce scandale fasse reculer la déréglementation dans le secteur de l’électricité alors que l’Union Européenne, au sommet de Barcelone, s’y engage résolument. Contrairement à cette affirmation, c’est pourtant d’un deuxième scandale dont il faudrait parler. Enron n’a jamais été capable de réaliser les performances du service public qui existait auparavant… La défense des services publics trouve là un nouvel aliment.
Jamais deux sans trois dit le proverbe. Le troisième scandale vient élimer plus encore la confiance des consommateurs américains dans la Bourse, dans les marchés financiers et dans leurs entreprises, comme le montre un sondage publié par BusinessWeek. C’est celui de la firme Andersen, société de conseils et de « commissaire aux comptes », l’organisme qui est chargé de juger de la « sincérité » des comptes. Ces commissaires aux comptes, la situation est la même en France et dans l’Union Européenne, sont payés par l’entreprise qu’ils doivent contrôler. C’est la porte ouverte à toutes les corruptions. Aux États-Unis, le PDG d’Andersen a avoué avoir détruit des documents compromettants pour Enron. Du coup, La firme Andersen éclate, se trouve rachetée, en Europe, par d’autres cabinets de conseils et est menacée de faillite aux Etats-Unis. Cette crise de confiance est profonde et touche toutes les banques d’affaires à commencer par les deux plus importantes Merrill Lynch et JP Morgan. Les conséquences se feront sentir en termes de restructurations donc de suppressions d’emploi. L’onde de choc est loin d’être terminée.
Les signes de reprise ne seront pas suffisants pour faire face à cette crise qui n’est pas seulement économique.

Rappel sur les formes de la récession actuelle.
Le monde capitaliste développé connaissait depuis le début de l’année 2001, les prémices d’une récession, commençant par les Etats-Unis.25 La diffusion de la récession à l’ensemble des pays capitalistes développés s’effectue par l’intermédiaire de deux canaux. D’abord par la transnationalisation des firmes. Elles ont désormais une stratégie internationale – c’est une des composantes du processus de mondialisation – et envisage leurs restructurations à cette échelle. Ainsi, lorsque les secteurs de la téléphonie mobile ou de la micro informatique ont commencé à connaître les effets de la crise de la suraccumulation, les entreprises se sont restructurées à l’échelle mondiale en fermant des unités de production dans tous les pays, alors que la crise ne touchait que les seuls États-Unis. Elles ont licencié, supprimer des emplois et, pour hausser leur taux de profit, intensifier le travail en développant la précarité, le travail à temps partiel… Comme le souligne Henry Mintzberg26 « Les entreprise qui réduisent leurs frais deviennent plus efficientes, pas forcément plus efficaces. (…) Certaines économies peuvent comporter des risques à long terme pour l’entreprise. Ainsi les dirigeants de Nortel, société de télécommunications (…) ont, à mon sens, mis en danger l’avenir de l’entreprise lorsqu’ils ont décidé de licencier le quart de leurs salariés : ils ont limité sa capacité à développer de nouveaux produits ». La logique qui préside à ces restructurations est uniquement financière et répond à la « tyrannie de l’actionnaire », l’obsession de la « share holder value »27 pour parler comme les opérateurs financiers.
Cette politique imbécile – « crass » dit Mintzberg – se retrouve au niveau des États. Les gouvernements préfèrent nier – comme en France ou en Allemagne – la réalité de la récession plutôt que d’imaginer une politique économique permettant de l’éviter. Continuer dans la voie des politiques d’inspiration libérale ne pourra qu’approfondir la récession difficilement évitable.
Le deuxième canal de diffusion passe par l’internationalisation des marchés financiers. Lorsque Wall Street éternue, les places financières du monde entier, à commencer par celles des pays développés, s’enrhument. La chute rapide et brutale des cours des « start-ups » a sonné le glas de la « nouvelle économie » et du nouvel âge d’or imaginé par certains économistes américains prétendant que le capitalisme avait changé ses lois de fonctionnement.
A partir de mars 2000 – la chute des cours sur le Nasdaq28 – un krach « lent »29 s’est manifesté sur l’ensemble des marchés financiers. Le risque à la fois d’une récession internationale synchronisée pour la première fois depuis les années 1980 et d’un krach financier n’étaient exclus par aucun économiste. La dépression s’installerait alors ressemblant – avec des divergences – à la crise de 1929. Ou au scénario de l’éclatement de la « bulle financière » au Japon. En 1993, la déflation – la chute des cours sur les marchés financiers s’apparente à de la destruction monétaire entraînant tous les prix à la baisse – touchait tous les secteurs. La récession s’installait. Avec ses conséquences inconnues à l’époque pour ce pays. Chômage massif – pour la première fois dans les années qui suivirent le taux de chômage officiel du Japon allait dépasser celui des États-Unis -, misère, pauvreté… Des plans de relance allaient se succéder sans permettre à l’économie japonaise de sortir réellement de cette récession profonde qui combinait baisse du taux de profit et surproduction. Anton Brender prétend, avec quelques raisons, que cette relance a permis d’atténuer la récession qui, sinon, se serait transformé en dépression. Ce scénario – avec des variantes – est à l’ordre du jour pour les États-Unis. Les autorités monétaires en sont conscientes. Elles essaient de l’éviter. Raison pour laquelle, la FED – la banque de réserve fédérale – s’est félicité de la baisse des cours.
Les attentats viennent renforcer l’actualité de ce scénario. Parce qu’ils renforcent l’incertitude. Et accélèrent les tendances déjà existantes. Les réactions ne manquent pas. Les banques centrales ont créé de la monnaie en injectant des liquidités dans l’économie pour éviter les crises de crédit et les faillites d’opérateurs financiers, de banques et de grandes entreprises. La FED a baissé ses taux d’intérêt à court terme pour éviter la chute de Wall Street. Il crée une euphorie factice sur les marchés financiers qui en oublient les baisses de la profitabilité enregistrées par toutes les grandes entreprises. Alan Greenspan, le président de cette institution, se trouve à court de politique. Les signes sont contradictoires. Reprise d’un côté avec des risques inflationnistes, de l’autre des marchés financiers orientés à la baisse. Du coup, il ne fait rien.
La tendance, en effet, reste baissière sur les Bourses du monde entier à commencer par celles des pays latino et centro américains comme celles d’Asie du Sud-Est. Ce sont ces pays qui connaissent les premiers l’onde de choc de la récession américaine – datée officiellement de mars 2001 –comme de la récession du Japon qui la précède, les deux plus importants clients de la zone. « AsiaWeek »30 propose, en conséquence, une version régionale du libéralisme. L’ouverture des marchés au sein de la seule zone des pays d’Asie incluant la Chine qui fait rêver devant son énorme marché potentiel. Il faudrait, pour ce faire, rompre avec l’OMC…
Les États-Unis connaissent le retour de leurs déficits jumeaux, celui de la balance des paiements et celui du budget. Depuis le milieu des années 1980, ils sont devenus les débiteurs du monde entier. Ils ont besoin de l’épargne mondiale. Pour l’instant, et grâce à la crise des pays émergents – Asie du Sud Est, Amérique centrale et latine – ils ont connu des arrivées massives de capitaux spéculatifs. En cas de retournement, ils pourraient partir brutalement si aucune régulation nouvelle n’était mis en place. Les autorités monétaires seraient obligés de hausser les taux de l’intérêt provoquant des risques de faillite pour des entreprises déjà très fortement endettées

L’incertitude comme seule donnée certaine de ce monde.
Cette récession, comme la guerre non déclarée à l’Afghanistan, vient démontrer que le monde n’est toujours pas entré dans le 5e Kondratiev, dans une nouvelle période longue à tendance expansive. Cette récession pourrait être synchronisée, profonde et longue. La période n’a pas changé. L’âge d’or ne s’est pas réalisé. Le capitalisme lui connait des métamorphose. La période longue marquée par les récessions – l’onde longue à tendance récessive – permet au capitalisme de se restructurer, de se transformer. La troisième révolution scientifique et technique – au-delà de la soi-disante « nouvelle économie » – s’est élargie aux branches d’industrie principales et aux services. Il était logique que ce secteur, à son tour, connaissent les mêmes crises que les secteurs dits traditionnels.
L’hypothèse la plus probable se trouve dans la poursuite et l’accélération des tendances à la récession internationale et à la baisse des cours sur les marchés financiers. Laurent Fabius et le gouvernement Jospin, dans la présentation actuelle du budget, n’ont pas voulu tenir compte de cette nouvelle donne. Ils poursuivent dans la voie de la baisse des dépenses et de la déstructuration des services publics au lieu d’imaginer une autre politique économique qui permette de lutter efficacement contre la récession en augmentant les dépenses de l’Etat, en créant des emplois pour favoriser la hausse de la consommation des ménages, moteur essentiel de la croissance passée. C’est un budget qui appelle la récession, malgré la hausse du déficit budgétaire dû à la conjugaison d’une politique fiscale de baisse des impôts directs – impôt sur le revenu et impôts sur les sociétés – et d’une baisse de ces impôts provoqués par le ralentissement de la croissance. Il est temps de forcer les politiques européens de se pencher sur la taxe Tobin pour réguler les marchés financiers et défendre une autre politique en faveur de l’égalité des droits.31
Après les attentats, après le déclenchement de la guerre et sa poursuite, le monde est entrée dans une nouvelle phase. Le keynésianisme refait surface. Le Prix Nobel d’économie a été attribué cette année à trois néokeynésien, George Akerlof, Michael Spence et Joseph Stiglitz – auteur d’une charge contre la politique du FMI. Ce dernier s’était fait connaître en critiquant les politiques libérales du FMI alors qu’il était économiste de la Banque mondiale. Il avait été licencié.
Les politiques économiques mettent plus de temps à changer. « W » Bush s’oriente, avec quelques réticences, vers une classique politique de relance tout en poursuivant dans la voie de la déréglementation et de la baisse des impôts. Contrairement aux gouvernements européens, il a abandonné le dogme de l’équilibre des finances publiques. Que les gouvernements européens voudraient bien aussi jeter aux orties pour…accélérer la baisse des impôts. Une politique à courte vue qui n’a d’autre but que de donner à ces gouvernants un peu de cette légitimité qui leur manque.
Dans le même temps, les gouvernants sont en de s’orienter vers la construction d’une forme d’État plus autoritaire en faisant éclater la notion même de territoire pour la remplacer par celle d’espace où pourrait se nouer des contrats. Derrière se profile la remise en cause des droits, des services publics et last but not least des libertés démocratiques. Le mouvement ouvrier – avec d’autres – se doit d’élaborer les réponses collectives qui permettraient de lutter contre les tendances centrifuges qui agitent nos sociétés. Contre le risque de communautarisme qui pourrait s’amplifier avec la récession et la remontée du chômage.
Cette nouvelle donne oblige à se poser la question, classique dans les romans policiers, à qui profite le crime ? Aux talibans et Ben Laden se posant en leader du Sud contre ce Nord impie en faisant oublier leur répression interne visant d’abord les femmes ? A Bush et aux États-Unis voulant imposer leur culture, leurs marchandises au reste du monde ?
Ce monde qui se dessine n’est pas le nôtre, entre un Nord conduit par W. Bush retrouvant les accents de John Wayne contre Ben Laden et un Sud qui serait représenté par le fondamentalisme religieux. Chacun utilisant la même rhétorique de la lutte entre Dieu et le Diable. Défendre un autre monde est devenu un impératif. Un monde internationaliste, construisant ses solidarités sur la lancée des manifestations de Seattle et de Gênes, un monde de résistance à la marchandisation comme à la structuration de micro-identités allant de l’extrême-droite aux fondamentalistes, un monde féministe, de liberté, d’égalité et de fraternité.
Nicolas BENIES. Le 14 avril 2002

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