Jazz de la ferveur de la saxophoniste Claire Michael à la transe de Phil JL Robert

Ferveur

Claire Michael ne cache pas, pour son deuxième album, « Mystical Way », son obédience coltranienne tout en sachant ne pas copier. Elle cherche sa propre voie, mystique si l’on en croit le titre. Elle reprend « A love supreme », Composition célèbre de John Coltrane, thème tellement simple, une prière, que la tentation est grande de la jouer sans changement. Son arrangement laisse intact le « gospel », la référence religieuse, tout en proposant une nouvelle lecture. Jean-Michel Vallet, piano, claviers, Fender Rhodes, Zaza Desiderio, batterie, percussions, Patrick Chartol, basses, Hermon Mehari, trompette un nouveau venu -, forment un groupe soudé qui donne du poids à chacune des compositions.
Un voyage original, agrémenté d’une étape en un « standard », Stella by Starlight, pour conserver la tradition du jazz tout en la transformant. Un son de saxophone rempli d’émotions, de ferveur qui reste dans l’oreille et appelle d’autres rencontres, d’autres musiques qui habitent notre temps. Un arrière fond de pandémie s’agite dans toutes ces compositions – de la plume de la saxophoniste mais aussi du pianiste, du pianiste et du batteur – pour faire du confinement un souvenir vivant rempli d’un mélange étrange de passé et d’avenir, de mort et de vivant. Terminer par « Rien n’est trop beau » et « L’instant du bonheur », après avoir invoqué le soleil, la lumière, l’Oiseau, est un acte de foi qu’elle nous invite à partager.
Claire Michael fait la démonstration qu’elle est une saxophoniste qui sait où elle va, qui s’impose comme une voix de notre présent.
Nicolas Béniès
« Mystical Way », Claire Michael, SPPF/UVM distribution

Prêt pour la danse ?
Phil JL Robert est guitariste et sensible aux sons de la Nouvelle-Orléans, de ses faubourgs et de ses lieux dits mal famés comme ceux de Brooklyn où est née une musique étrange, joyeuse fait d’apports de toutes les cultures, du jazz, de Porto Rico, de Cuba, d’Afrique pour favoriser la transe. « Boogaloo station » tient et au-delà les promesses du premier album, « Boogaloo Zoo ». Un orchestre qui sait s’engager dans les compositions du leader pour leur donner un allant qui saura faire bouger tous les corps.
Pour dépasser un monde en train de mourir, cette musique issue de toutes les minorités, de tous les laissés pour compte est une musique fondamentalement populaire sans une once de populisme. Engagez-vous dans cette voie, vous ne serez pas déçu. Il faut savoir danser sur un volcan.
Nicolas Béniès
« Boogaloo Station », Phil JL Robert, Savarez/Feel Time Music