Vie de femme.
« La danse du temps » est un curieux roman. Le titre poétique ouvre grand nos yeux fermés sur les possibilités qui s’offrent à tout être humain.
Trois moments de la vie d’une femme américaine, celle de Willa Drake. Anne Tyler prétend, dans une note préalable, avoir une théorie : « une unique décision prise durant notre enfance quant à la personne que nous souhaiterions devenir, peut façonner notre vie toute entière ». Elle le démontre dans les trois premières parties de ce parcours. La mère de Willa quitte le domicile familial lorsqu’elle a 11 ans et sa vie de femme se conformera à ce contre modèle, surtout ne faire de peine à personne. Elle épousera celui qui la demande en mariage – elle a 21 ans -, se trouvera veuve à 41, se remariera en cherchant toujours à contourner les colères, la mauvaise humeur de son mari qui joue au golf et boursicote.
La dernière partie est un pied de nez à cette théorisation psychanalysante par le passage des petites et moyennes villes de la Pennsylvanie à Baltimore, la ville de tous les possibles pour Anne Tyler. A 61 ans, Willa décide de rompre toutes les amarres, de laisser un mari qui l’appelle encore « fillette » pour décider seule de sa vie. Le roman d’une libération. Il n’est jamais trop tard pour commencer à vivre !
Anne Tyler décrit la manière dans les hommes de cette moyenne bourgeoisie considère les femmes, des objets qui se montrent pour faire la preuve de leur situation sociale. Jamais les femmes, les leurs comme celles des autres, ne sont susceptible d’être des sujets. Un réquisitoire argumenté.
Nicolas Béniès
« La danse du temps », Anne Tyler, traduit par Cyrielle Ayakatsikas, 10/18