Europajazz, Jazz sous les Pommiers

Le Jazz complètement à l’Ouest.

L’Europa Jazz, connu aussi par sa ville de naissance Le Mans où le festival se termine en apothéose, essaie de ne pas trop regarder les chiffres pour éviter les pièges du « retour sur investissement ». Pas toujours facile.
Pour cette 39e édition qui a commencé le 15 mars par des conférences musicales dans les lycées, collèges et CFA – comme quasiment tous les festivals de jazz désormais et c’est une bonne chose -, les invités ont nom Émile Parisien, présent aussi à Jazz sous les Pommiers (avec Joachim Kühn), qui sera « dans tous ses états », Médéric Collignon que vous avez raté, Paolo Fresu avec Omar Sosa dans les « rendez-vous du printemps » agrémentés de « nuits » du jazz manouche, des fanfares et de la salsa. Le final, au mois de mai comme d’habitude dans la lignée du 1er mai et dans la collégiale, sera illuminé par, entre autres, Craig Taborn, Linda Olah, Bill Frisell, Barre Phillips, Joëlle Léandre, Stéphane Courtois, Dominique Pifarély… pour participer à la grande fête des jazz.
Les organisateurs proposent de soutenir Europajazz en devenant un mécène, une promotion autrefois réservée uniquement aux entreprises et qui devient par une sorte de démocratisation accessible à toutes et à tous.
Ce festival se terminera le 6 mai au moment où Jazz sous les Pommiers à Coutances (Manche) vivra sa deuxième journée. Certaines zones seront encore en vacances qui permettra une petite visite de cette ville surplombée par sa cathédrale qui verra quelques concerts en son sein. Le soleil, c’est promis, sera de la partie notamment le dimanche pour la journée des fanfares, réunion traditionnelle familiale.
Pour cette 37e édition, deux vedettes attireront vraisemblablement les curieuses et curieux. Kamasi Washington tout d’abord, saxophoniste ténor, qui s’est fait remarquer dés son premier album constitué de trois CD où il se permet de revisiter une grande partie de l’histoire du jazz tout en faisant la place aux sons d’aujourd’hui. Ce coffret lui a valu l’honneur de deux pages du « New York Times », une sorte de consécration rapide. Trop peut-être. Il a attendu d’avoir plus de 30 ans avant de commettre cet enregistrement. Il vient de publier un nouvel album…
La deuxième est l’artiste en résidence, Anne Pacéo, batteure et une de celle qui compte. Elle proposera plusieurs rendez-vous dont une création.
Les autres invités ne seront pas en reste. Le duo Joe Lovano, saxophoniste ténor, Dave Douglas, trompette avec leur quintet fera des étincelles. Leur album chez Universal est un must qu’il faut entendre. Raphaël Imbert, saxophoniste, proposera plusieurs rendez-vous dont l’un, « Bach/Coltrane » aura lieu dans la Cathédrale, Hélène Labarrière et Hasse Poulsen proposeront une relecture des succès plus ou moins récents, Paolo Fresu, poursuivant sa route de l’Ouest, sera aussi présent avec Richard Galliano, le grand orchestre de Christian McBride… sans compter les musiques cousines comme d’habitude ou le blues le mardi soir.
Comme toujours, les concerts de midi et demie au Magic Mirror sont des instants souvent privilégiés. Les découvertes sont nombreuses, les coups de coeur aussi. Il ne faut pas hésiter à les fréquenter. L’horaire n’est pas forcément adapté mais, si vous en croyez mon expérience – malheureusement un peu trop longue – ils réservent les surprises qui enchanteront vos souvenirs. Je regrette quelque fois qu’il n’y ait pas eu – à ma connaissance – d’enregistrements de certains. Mais, comme le disait justement Keith Jarrett « le swing n’est pas toujours sur la bande » pour dire la force spécifique, originale d’un concert. Les déceptions sont nombreuses de ce passage du « live » à l’objet.
Il faudra aussi aller à la rencontre de certains groupes pas encore trop connus comme celui de Eric Séva, saxophoniste. « Body and blues » est un album issu de ses rencontres avec le blues. Une musique du corps et de l’âme. (voir ma recension de l’album sur ce blog)
Les deux festivals proposent aussi des programmes gratuits, des animations, des découvertes qu’il ne faut pas craindre d’aller voir, pour faire connaître « Sa Majesté le Jazz », même si le pluriel est nécessaire. Une majesté qui suppose une armée de bénévoles qu’il faut remercier. Sans eux et elles rien ne serait possible.
Nicolas Béniès.
Le Mans Jazz Festival, du 15 mars au 6 mai 2018, rens. tel 02 43 23 78 99 www.europajazz.fr
Jazz sous les Pommiers, du 5 au 12 mai, rens. www.jazzsouslespommiers.com