Bonjour,
Le livre, « Le souffle de la révolte » (C&F éditions, comme les autres « Souffle »), ne paraîtra pas, selon toute vraisemblance avant le mois de juin. Il ira de pair, si le vent est favorable, avec la réédition augmentée – et diminuée du CD, il faut dire que les rééditions de « Kind of Blue » sont légions – de « Le souffle bleu ». Il couvre à la fois la préhistoire du jazz, lorsque cette musique ne s’appelait pas encore « jazz » mais ragtime ou autres noms, comme les années 1920 et 1930. Pour appréhender la mémoire du jazz capable de naviguer entre passé et futur pour dégager un présent entouré de mystères.
Avant même la publication, il faut ajouter quelques informations complémentaires.
Il faut se souvenir que les « Harlem Hellfighters » – surnom donné par les troupes françaises à ces combattants Noirs venant de toutes les villes des Etats-Unis – débarquent à Saint-Nazaire et Brest les 31 décembre 1917 et 1er janvier 1918. Ils commencent par faire des travaux d’entretien autour de Nantes pour ensuite s’incorporer aux troupes alliés. Individuellement et collectivement, le régiment d’infanterie sera reconnu, cité – inscrit dans les tablettes de l’armée française en l’occurrence – et décoré. Mais jamais reconnu par l’armée américaine.
Roger Martin dans l’enquête qu’il consacre à l’assassinat de Martin Luther King perpétré le 4 avril 1968 à Memphis, « Le rêve brisé » (De Borée éditeur), apporte quelques éclairages sur les contrôles du haut commandement militaire des soldats Noirs. Chapitre 18, « Big Brother Is Watching you » – référence à George Orwell et à son « 1984 » -, il écrit « (…) le colonel Ralph Van Deman a été à l’origine d’une politique de méfiance systématique qui conduisit à un fichage massif de Noirs par des organismes officiels du gouvernement américain. »
Le 6 avril 1917, les Etats-Unis entrent dans la Première-Guerre-Mondiale et le colonel sus cité à la tête de la Military Intelligence Section (un organisme d’espionnage) soumet un plan d’action contre les 4 principaux ennemis de l’intérieur : les International Workers of the World – un syndicat -, les adversaires de la conscription, socialistes – ils représentent une grande force – et les agitateurs nègres, vocable utilisé systématiquement par le colonel. Van Deman « est tout particulièrement sensible à la « violence nègre ».
Il faut dire que les soldats noirs sont lynchés dans certains villes comme à Houston et Waco au Texas, que l’armée pratique officiellement la ségrégation et provoque des émeutes qui seront nombreuses dans ces années d’après guerre.
Van Deman, note encore Roger Martin croit dur comme fer que IWW et Nègres « sont des relais de la propagande allemande ». La révolution russe le fera changer d’ennemi. Ce seront les « Rouges », le Parti Communiste Américain qui seront dans le collimateur.
Roger Martin poursuit en notant que l’un des films spirituels de Van Deman est… Edgar J. Hoover qui prendra la tête du FBI en 1924. Il voue une haine profonde à tous les leaders noirs et d’abord à Martin Luther King. Dans ces années 1929 remplies de gangsters organisés dans la mafia, Hoover déclarera que « le crime organisé n’existe pas en Amérique », une lucidité qui le conduit à pourchasser en priorité les ennemis intérieurs auxquels il faut rajouter à la liste précédente, les homosexuels – alors que Hoover vit maritalement avec Clyde A. Tolson -, le Juifs et beaucoup d’autres encore. Le FBI se sert de la presse pour mettre en valeur de petits malfrats qu’il présente comme « l’ennemi n°1 ».
Le FBI comme la CIA a partie lié avec Le Ku-Klux-Klan et d’autres groupes inspirés par le fascisme ou le nazisme.
Pour illustrer cette liaison, Roger Martin ajoute que « malgré sa retraite en 1929, Van Deman ne restera pas inactif. A la tête d’une agence de sécurité de San Diego, il se spécialise dans le renseignement. » ses cibles n’ont pas changé : Communistes et Noirs radicaux. Son agence est liée à l’extrême droite.
Nicolas (à suivre)