Conjoncture.

Crise financière et crise économique.

Les résultats du premier trimestre 2016, pour l’économie française, ont fait croire à une reprise possible. Ces prévisions de l’INSEE, comme celles du gouvernement, ne tenaient compte ni d’un environnement international marqué par la récession ou la baisse de la croissance pour tous les pays émergents à commencer par l’économie chinoise, ni de la faible reprise américaine, ni par l’ombre de la crise financière qui ne demande qu’une étincelle pour se déclencher. Que ce soit l’INSEE ou l’OFCE, les économistes semblent dépourvus d’outils pour analyser la configuration actuelle des liens, évidents depuis août 2007, entre la crise financière et la crise économique. Depuis août 2015 – la chute des bourses chinoises – les réactions des banques centrales notamment indiquent la profondeur possible de ces crises.
La BCE, pour parler de la zone euro, a promu, à l’instar de la Banque centrale du Japon, des taux d’intérêt négatifs. En clair, le prêteur paie l’emprunteur ! Pour le dire encore autrement : les États se font payer pour emprunter sur les marchés. Une grande première. Désormais les grands pays capitalistes empruntent à des taux d’intérêt négatifs. Comme, depuis quelques temps, les grandes entreprises. La même BCE, pour soulager les banques de ce poids – ces taux pourraient les conduire à la faillite – crée massivement de la monnaie pour racheter les obligations de la dette publique et celle des grandes entreprises. Les sommes sont fabuleuses : 1000 milliards d’euros d’obligations de la dette publique possédées par la BCE via les banques centrales des pays de la zone euro. Ainsi la Banque de France détient plus de 10% du stock d’emprunt d’État français. Les effets se font aussi sentir du côté des assureurs qui enregistrent des bénéfices sur les fonds en euros constitués d’obligations.

C’est dire que toutes les conditions sont réunies pour une crise financière. Les munitions des banques centrales s’épuisent. Que faire après les taux négatifs ? Pour l’instant pas de réponse. Se comprend dans cet environnement la volonté de la FED – l’institut d’émission américain – de relever ses taux d’intérêt pour retrouver des marges de manœuvre. Avec des conséquences qui pourraient être catastrophiques pour les pays émergents notamment et pourrait provoquer une crise obligataire par la remontée des taux de l’intérêt.
Cette crise financière se transmet directement à l’ensemble de l’économie et provoque la récession via la faillite des banques et la chute des marchés financiers. La finance, depuis les années 1990, domine et impose ses critères. La politique monétaire de la BCE d’assouplissement quantitatif (E/Q) n’a pas réussi à lutter contre la tendance déflationniste qui révèle les risques de la surproduction allant de pair avec celui de la crise financière.
Dans ce contexte, Brexit et attentats – pour les pays de l’Union Européenne – viennent renforcer l’incertitude. La traduction, pour le deuxième trimestre 2016 pour l’économie française, 0% de croissance avec une stagnation de la consommation des ménages et une baisse de l’investissement. Ce résultat montre l’inanité et du CICE et du pacte de responsabilité qui, note « Alternatives économiques » de septembre 2016, coûte de plus en plus cher. Ces baisses accordées aux entreprises sans contrôle et sans analyse du contexte se traduisent par une pression renforcée sur les dépenses publiques, en particulier sur le budget du ministère de l’écologie au moment où les investissements publics pour lutter contre les mutations climatiques et la crise écologique se font de plus en plus urgents. Ces réductions induites par les politiques d’austérité, déprimeront plus encore le marché final, approfondissant la récession.
Nicolas Béniès.