Université populaire séminaire économie les 2 et 9 juin 2015

Bonjour,

Le mois de juin, comme chaque année, marque la fin du séminaire économie. Comme d’habitude aussi, je tenterai un bilan de cette année scolaire écoulée. Une année riche en changement. Le monde bascule, je l’ai souvent répété, et les destructions sont multiples. Ce mouvement inclus aussi des résistances. La mort des idéologies, celles du libéralisme en particulier, provoque une remontée des thèses keynésiennes. Sous l’apparente immobilité des politiques économiques se cachent d’énormes transformations.
D’abord sur le terrain des théories économiques. « L’imposture économique » de Steve Keen (éditions de l’Atelier pour la traduction française) est une mise à mort remarquable des théories néo-classiques – c’est leur nom officiel, le libéralisme est un terme de communication – sur lesquelles reposent les politiques économiques actuelles. Les États, les institutions internationales, les banques centrales semblent incapables de rompre avec ce carcan idéologique alors que tout démontre que cette représentation du monde est celle du passé, d’un passé qui ne reviendra plus. Il faudrait conseiller à tous ces dirigeants de lire ce livre toute affaire cessante pour se rendre compte de l’inanité de ces constructions reposant sur la croyance que les sociétés ne sont composées que d’individus et non pas de classes sociales et de groupes sociaux aux intérêts antagoniques. Les courbes de l’offre et de la demande ne correspondent à rien et n’expliquent pas l’accumulation du capital ni les règles du jeu capitalistes. Ces hypothèses sont dénuées de fondement. Elles ne trouvent leur origine dans la réalité. Elles se réduisent au champ de la micro économie et, même à ce niveau, n’expliquent aucun des comportements du capitaliste individuel.
Ces théories posent une question de méthode. Il est nécessaire pour comprendre le mode, de construire des abstractions mais ces abstractions ne doivent pas provenir du monde du ciel, des croyances, mais de la réalité de notre monde, de l’organisation de nos sociétés. Comme l’écrivait Marx, ces abstractions se doivent d’être des « abstractions réelles », correspondre aux mouvements de la société, à ses processus qu’ils soient économiques, sociaux, culturels. la validation de ces concepts s’effectue à la fois sur le terrain de la logique et sur celui historique, de la concordance avec la réalité.
Sur le terrain pratique maintenant, Le gouvernement grec comme « Podemos » en Espagne font la preuve qu’il est possible de proposer une politique alternative qui renoue – c’est le comble de l’ironie – avec une politique sociale démocrate telle qu’elle a pu être définie y compris par François Hollande lui-même lorsqu’il n’était que candidat. Il est paradoxal que le gouvernement français ne soutiennent pas les revendications de l’actuel gouvernement grec !
Au moment où la BCE veut s’affranchir du carcan des traités pour mener une politique monétaire qui s’affranchit des critères du traité de Maastricht, il est, là encore, paradoxal, que Mario Draghi réclame au gouvernement grec le respect de ces mêmes critères soit la poursuite de la politique d’austérité.
Le FMI, dont les économistes ont condamné la politique d’austérité drastique menée par les gouvernements du PASOK et de la droite et conseillée par le… FMI, Christine Lagarde, l’actuelle directrice du Fonds, demande des « efforts supplémentaires » pour accorder de nouveaux crédits à la Grèce. Entretemps, le gouvernement grec paie les intérêts de sa dette au… FMI.
L’Union Européenne est désormais menacée de tout côté. Schaüble, le ministre des finances allemand, exige presque le départ de la Grèce de la zone euro sans peser les risques que représenterait ce départ. La Grande-Bretagne de Cameron veut organiser un référendum sur le départ du Royaume-Uni de l’UE suivi peut-être par d’autres… Les « exit » se multiplient indiquant une crise profonde de la construction européenne.
La crise de l’euro est une des dimensions de la crise financière comme politique que nous vivons.
Pendant ce temps-là, le gouvernement français se gargarise d’un 0,6% de croissance alors que l’INSEE ne fait état que de chiffres provisoires avec une marge d’erreur de 0,3%. Le chiffre pourrait donc être soit 0,9% soit… 0,3%… Les cocoricos s’étrangleront dans certains gorges…
Allez le mieux c’est d’aller commémorer pour se servir d’un passé considéré comme glorieux pour orner le présent de guirlandes dépassées, vieillies à force d’avoir trop servies.
Au 2 juin.
Le 9, nous organiseront, comme d’habitude, une auberge espagnole…