Jazz, quand un saxo rencontre un autre saxo…La folie n’est pas loin…

Un, deux, trois Jazz ?

Lionel Martin, saxophoniste, est attiré par la transe, celle d’un Albert Ayler par exemple et du free jazz. Je commence mal, je sais. Le Free fait peur. Plus que peur, il panique. Il fait fuir avant même de mettre une oreille dans cette musique. Il fait équipe avec le pianiste Mario Stantchev. Ensemble, ils ont réalisé un album d’hommage à Louis Moreau Gottschalk, un ancêtre du ragtime et donc du jazz. Une idée originale de rhabiller ses compositions moins éloignées qu’on ne le croit de notre modernité.
Il a rencontré, dans un festival, George Garzone, professeur réputé et saxophoniste ténor qui sait tout de l’instrument, à l’aise dans tous les contextes. Ses albums sont convaincants. « Madness Tenors » est le nom du groupe, une dénomination qui tient ses promesses et fait écho au titre d’un album de Sonny Rollins. Benoit Kellet à la contrebasse et Ramon Lopez à la batterie – un batteur à l’énergie percussionniste – complètent le quintet. « Be Jazz For Jazz » est la déclinaison du précédent « Jazz Before Jazz ». Être jazz pour le jazz est une devise difficile à tenir. Faut-il sembler trahir le jazz pour mieux le servir ?
Écoutez ce groupe, mettez un instant de côté vos préjugés, vos idées toutes faites sur la musique. Entrez, n’hésitez pas. Vous ne le regretterez pas. Notre monde moderne est gagné par le vent de la folie barbare. Dans cet album la folie est fraternelle et un appel pour un autre monde.
Nicolas Béniès.
« Be Jazz For Jazz », Madness Tenors, Ouch!Records pour le Vinyle et Cristal Records pour le CD.

JAZZ, Louis Moreau Gottschalk, ancêtre du jazz ?

Un passé plein d’avenirs

Stanchev/Quelle idée a germé dans la tête de ces deux musiciens, Lionel Martin, saxophoniste itinérant, navigant entre tous les styles, toutes les époques, et Mario Stantchev, pianiste bulgare d’origine et désormais lyonnais de rendre hommage à ce concertiste étrange, compositeur bizarre né à la Nouvelle-Orléans, Louis Moreau Gottschalk (1829-1869) ? Des liens invisibles existeraient entre la métropole lyonnaise et la Nouvelle-Orléans de ce 19e encore marqué par l’esclavage ? Ce fils de financier juif londonien et d’une créole est une sorte de synthèse entre les cultures européennes – les Créoles de la Nouvelle-Orléans sont issus de famille française – et africaines. Il pourrait être un ancêtre du jazz. « Jazz before jazz » dit le titre de cet album, comme si cette musique sans nom bouillonnait déjà dans les bayous et dans toutes ces plantations du Sud comme dans les villes en formation du Nord des États-Unis désunis. Les esclaves sont présents au Sud comme au Nord notamment dans les ports, partout une forme de ce jazz du futur émergera. Continuer la lecture