Mondialisation, financiarisation et l’émergence d’un autre monde

Le monde bascule
Le temps de la mondialisation se termine. Ouverte au milieu des années 1980 par la déréglementation décidée par les États, elle s’est affirmée sous la forme de l’hypermondialisation au début des années 2000, construisant des chaînes de valeur au niveau mondial via la construction de firmes multinationales. Particulièrement, la globalisation financière exerce aujourd’hui tous ses effets négatifs sur le bien être des populations. Continuer la lecture

Essai. Un monde étranger.

Une complexité au service d’une nouvelle barbarie.

Sakia Sassen ExpulsionsLa thèse de Saskia Sassen, sociologue spécialisée dans l’analyse de la « ville globale », dans « Expulsions », se résume facilement. Les années 1980 ont vu se dessiner une nouvelle forme du capitalisme dominé par l’idéologie libérale, un régime d’accumulation à dominante financière pour employer le langage des économistes de l’école de la régulation, langage que la sociologue n’utilise pas. Elle est consciente que les critères de la finance se sont imposés pour régler les orientations de l’économie dans toutes ses facettes.
Cette forme a combiné – elle en fait la démonstration – une complexité de plus en plus sophistiquée aux montages inextricables comme le montre une fois encore les « panama papers » et une brutalité extrême. La combinatoire s’explique par la nécessité pour tous les capitalistes d’extraire le profit maximum – et non plus optimum comme dans la période des « 30 glorieuses » – et à court terme, dans les deux mois. La conséquence la plus importante, pour elle, des expulsions dans tous les domaines se traduisant par un rétrécissement de la base économique. Une idée à creuser. Elle signifie que, contrairement aux « 30 glorieuses », les politiques actuelles d’austérité ne se posent plus la question de la demande pour faire face à la surproduction mais privilégient l’entreprise et même la grande entreprise et ses profits pour qu’elle soit compétitive. L’avenir apparaît, de ce fait, semblable au passé et bloque toute possibilité de construire un futur. Continuer la lecture

Marx, le capitalisme et les crises, annexe 3 non publiée

______________________annexe 3______________

La théorisation de la mondialisation par Ulrich Beck

(critique des thèses de « Pouvoir et contre-pouvoir à l’ère de la mondialisation » (Alto/Aubier)

Ulrich Beck est un penseur ambitieux. C’est plutôt une bonne nouvelle. Il veut, dans le sens que lui donnait Wright Mills, redonner de la place à « l’imagination sociologique » pour construire, c’est le titre du chapitre premier, « Une nouvelle Théorie Critique » et dessiner les contours du monde qui nous attend. Il veut démontrer – quelque fois seulement indiquer, avec des concepts en construction – que le monde, l’humanité est entrée dans une phase de transition entre la Première et la Deuxième Modernité – les majuscules sont de lui. La première était celle du siècle des Lumières, la Deuxième serait celle du « cosmopolitisme » adapté à la mondialisation. Le nationalisme méthodologique comme le socialisme ou le communisme et même le néo-libéralisme ont vécu. Il faut changer de paradigmes pour changer de monde. Il insiste sur la nécessité de l’idéalisme, d’une théorie qui permette d’appréhender ces métamorphoses. En fait, toute sa rhétorique est construite sur la nécessité de choquer pour faire réfléchir, pour lutter contre le post modernisme refusant tous les systèmes d’explication, sans vouloir pour autant construire une « Grande Théorie », référence je le suppose, à celle de Marx. Continuer la lecture

Marx, le capitalisme et les crises, annexe 2 au deuxième mouvement non publiée

 

 

La fin du capitalisme vue par Hardt et Negri.

Hardt et Negri sont les deux théoriciens à la mode sur les campus américains. Leur vision du monde est discutée partout dans le monde, sauf en France. Quelques sociologues s’y réfèrent pourtant et relaient leurs analyses.

Avant de les critiquer reconnaissons leur un mérite, rendre à Marx ce qui revient à Marx, une place essentielle dans la capacité à analyser les modalités de fonctionnement de nos sociétés. Ses thèses, et une fois encore la crise actuelle le dévoile, restent nécessaires, ses concepts et sa méthode à condition de les relier à la réalité actuelle du capitalisme. Ce mode de production évolue et nous avons la nécessité de forger de nouveaux concepts. Ainsi, l’Etat est absent du Capital, alors que le fonctionnement du capitalisme le met au premier plan en termes de » définition d’une stratégie permettant l’accumulation du Capital. Disons-le d’emblée, en renvoyant à la partie de ce deuxième mouvement concernant l’Etat, c’est ce manque qui se manifeste de manière éclatante dans les manières d’appréhender le capitalisme par ces deux auteurs. Il faut dire qu’ils semblent être rejoints par Immanuel Wallerstein partant pourtant d’autres points de départ. (Cf. « Comprendre le monde » sous-titré « Introduction à l’analyse des systèmes-monde, Repères/La Découverte). Il est, peut-être révélateur d’un courant qui considère que cette crise marque la fin du capitalisme. Il faudrait dire d’un certain capitalisme… Il n’est pas besoin d’avoir une vision catastrophiste – la crise finale – pour le comprendre. Ces économistes semblent partager la vision de cet économiste de l’école autrichienne, Joseph Schumpeter – le créateur des cycles Kondratieff -, partisan du libéralisme économique, pourfendeur de Marx, qui, dans le gros de la crise de 1929, écrivait, dans « Capitalisme, Socialisme et Démocratie » (traduction française, Payot) que le capitalisme était mort. A son corps défendant, disait-il, le socialisme semble le système de l’avenir. Cet avenir qui lui donnera tort… Wallerstein me semble révélateur d’un courant qui considère que cette crise est profonde et peut-être de même nature que la crise de 1929. De ce point de vue, je ne peux leur donner tort. Continuer la lecture