Économie. Pour comprendre l’évolution de la conjoncture

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Analyser de la crise systémique du capitalisme

Faisons-le « façon puzzle » – pour citer Blier dans les « Tontons flingueurs » – pour apercevoir les « jamais vus », les originalités de la période qui mettent la puce à l’oreille sur la profondeur de la crise – terme que je vais définir en deuxième partie.

Première partie : Le puzzle

Les cours de la Bourse d’abord. Le CAC – pour cotation automatique en continu, un indice calculé par la SBF, Société des Bourses françaises – 40 (pour les 40 valeurs – tout secteur confondu – les plus importantes cotées à la Bourse de Paris) fait du surplace. Il oscille entre 4500 et 4200 points comme si les opérateurs s’étaient donnés mot. A 4500, il baisse et à 4200, il remonte. On dit que la Bourse fait « Bunny », le lapin. D’habitude, elle est soit « Bullish », elle fait le taureau, elle monte ; soit « Bearish », elle fait l’Ours, elle baisse. Le lapin signifie qu’elle reste assis sur son cul, elle tourne la tête à droite, à gauche, sans vraiment bouger. C’est révélateur du degré d’incertitude jamais vu. Jouer à la Bourse est de plus en plus un vrai pari. Les indicateurs se sont évanouis. La Bourse navigue en pleine troisième dimension. On a l’impression que rien n’a changé alors que les balises n’ont plus de sens. Les traders se raccrochent actuellement aux cours du pétrole, eux-mêmes dépendants de la spéculation. Le Monde daté du 6 septembre 2016 titre, par exemple, « La Bourse en quête d’un nouveau souffle »… il n’est pas sur qu’elle le trouve…
Depuis au moins la chute des Bourses chinoises le 15 août 2015, les Banques centrales pratiquent, dans les pays capitalistes développés, une politique monétaire pour le moins étrange et en dehors de tous les dogmes du libéralisme économique. Le taux directeur approche zéro. Un peu plus élevé aux Etats-Unis, de 0,25 – et la FED, la banque fédérale américaine voudrait bien augmenter ses taux pour avoir des marges de manœuvre – à -0,1% au Japon et 0% pour la BCE. Continuer la lecture

Des nouvelles de la crise systémique

Une nouvelle crise financière venant de Shanghai ?

Notre monde est Alzheimer. Il perd la mémoire immédiate pour décomposer et recomposer le passé indéfiniment en fonction du présent. Le temps se distend et la compréhension des événements s’évanouit.
Cette réflexion un peu générale pour revenir sur un sujet qui ne devrait pas quitter l’actualité, la chute de la Bourse de Shanghai le 24 août 2015 suivie par toutes les Bourses du monde entier. Les déclarations apaisantes se sont succédées. Sur le thème habituel, pour qui se souvient des prises de position des gouvernements et des « économistes officiels » comme des journalistes après le 9 août 2007 sur la sous estimation de la crise financière qui ouvrait pourtant une nouvelle période économique, « ce n’est pas grave ». The Economist traduit ce sentiment par  – « La Bourse de Shanghai s’est effondrée le 24 août mais elle est peu connectée à l’économie réelle » (cité dans « Courrier International » n° 1296 du 3 septembre 2015). L’hebdomadaire britannique en rajoute : « La Chine n’est pas en crise ». Ses propres erreurs d’analyse ne l’ont pas vacciné. Il faut dire que toute la presse s’est empressée d’oublier cet épisode qui, fait aggravant, a eu lieu pendant les vacances.
Ce verbiage s’appuie, comme à l’accoutumée, sur les dogmes libéraux qui font de la monnaie un voile entre les échanges sans comprendre les liens existants entre le capitalisme financier et « l’économie réelle », l’accumulation du capital pour parler autrement. Or, la domination du capitalisme financier représente la forme de ce capitalisme né dans les années 1980-90, années de victoire du libéralisme économique. Les critères de la finance sont devenus les critères dominants. Autant dire qu’une crise financière ne peut rester confinée aux marchés financiers. Elle connaît une extension vers l’ensemble de l’économie. Autrement dit, la crise financière se traduit ipso facto par une crise économique.
La chute de la Bourse de Shanghai aura des conséquences sur les possibilités d’investissement des entreprises chinoises ou installées sur le territoire de la Chine et, plus encore, sur les possibilités de construire, pour les autorités chinoises, un marché intérieur.
Le gouvernement chinois a pris en compte la nouvelle donne mondiale ouverte par la crise financière d’août 2007. La baisse de ses exportations vers les pays capitalistes développés – en premier lieu des États-Unis – due à la récession profonde de 2008, l’a obligée à repenser son modèle de développement. Sa croissance ne peut plus être tirée par les exportations, il lui fallait donc construire un marché intérieur en acceptant une augmentation des salaires et, ce, d’abord dans les entreprises transnationales installées sur son territoire. Continuer la lecture

Université populaire Économie mardi 3 mars 2015

Bonjour,

Les séminaires d’économie se suivent à la vitesse grand V. Pas le temps de digérer le cours précédent qu’un nouveau cours se profile.
Mardi prochain donc, une semaine après, nous nous retrouverons.

ÉDITO
La Grèce reste présente dans l’actualité comme les réactions des gouvernements européens, de l’Union Européenne, de la BCE et du FMI. Ce dernier se fait un peu oublié tellement les autres acteurs de cette tragi-comédie se font présents.
La pression sur le gouvernement grec est forte. Les gouvernements de droite espagnol et portugais voudraient tuer dans l’œuf cette politique hétérodoxe qui détruit leur possibilité de réélection. Pour le gouvernement allemand, particulièrement le ministre des finances, Schauble, c’est toute sa fausse compétence qui se trouve visée.
Les politiques d’austérité, libérales ont fait la preuve de leur nocivité mais se trouve justifiées par cette affirmation repris comme une antienne « c’est la seule politique possible » qui donnera, comme dit Valls, des résultats dans l’avenir… Cette pure croyance des fanatiques du libéralisme pourrait être combattue par la réussite d’une politique hétérodoxe en Grèce permettant de faire la démonstration concrète que, non seulement d’autres politiques sont possibles mais qu’elles ont des effets positifs. Continuer la lecture

CONTRIBUTION AUX RENCONTRES « Actualités de Marx et nouvelles pensées critiques : Horizons de civilisation », à Bordeaux, du 4 au 7 décembre 2013

 Dans quel monde voulons-nous vivre ?

Le basculement du monde1

La crise systémique qui s’est ouverte en août 2007 exige la naissance d’un nouvel ordre productif (ou régime d’accumulation).

La forme du capitalisme née dans les années 1980-90 est morte même si elle continue d’exister faute de perspective de transformation. Ce régime d’accumulation à dominante financière – pour signifier le poids nouveau pris par la finance et l’hégémonie de ses critères – était une réponse à l’entrée dans une nouvelle période du capitalisme en 1974-75. Le régime d’accumulation des « 30 glorieuses » était à l’agonie. Il fallait que le capitalisme se régénère en inventant de nouvelles modalités de création de richesses. Pour justifier cette nouvelle donne, un néo-libéralisme s’est imposé comme la seule idéologie possible. Néo-libéralisme parce qu’il se contentait de reprendre trois dogmes d’un côté et de l’autre de leur donner un aspect scientifique par le biais des modèles économétriques. Ce coup d’État des mathématiques sur la pensée économique a permis de faire triompher la représentation de la réalité sur la réalité.2 Une des explications de l’incompréhension des experts autoproclamés de la profondeur de la crise et leurs déclarations sur « la fin de la crise » juste avant la faillite de Lehman Brothers le 15 septembre 2008. Continuer la lecture

Intervention de la FSU à l’Assemblé plénière du CESER le vendredi 26 avril 2013.

Sur la situation économique, la crise systémique et la montée du chômage.

La récession en France est une réalité. La prévision du gouvernement, même revue à la baisse, de + 0,1% ne se réalisera pas. L’économie française, comme toutes les économies de la zone euro, connaîtra une « croissance négative » suivant l’expression consacrée, après plusieurs trimestres successifs de croissance zéro qui a permis de pousser des cris de triomphe : « La France n’est pas en récession »… Le chômage ne peut que poursuivre sa progression comme il le fait depuis 24 mois. Le gouvernement actuel n’en porte pas toute la responsabilité mais il n’a pas pris la mesure de la dimension de la crise que traverse les économies capitalistes développés depuis août 2007. Il n’a pas changé la politique économique. Continuer la lecture

Crise financière, Acte II

La crise systémique du capitalisme déploie ses ailes.

La Grèce, l’Espagne, le Portugal, l’Irlande (Eire), l’Italie… sont en crise. La spéculation bat son plein sur la dette des États. Elle signe l’acte 2 de la crise financière, commencée en août 2007 et longtemps niée par les gouvernements. Ses causes se trouvent dans les modalités de solution mise en œuvre par les États pour « sauver » le système financier.

L’entrée dans la crise systémique en août 2007.
Rappelons que la crise d’août 20071 s’était traduite par la baisse brutale des cours des titres sur toutes les places financières, avec comme facteur déclencheur, les « subprimes », les dettes des ménages américains titrisées et « structurées » dans des produits financiers spécifiques dont l’innovation revenait aux banques. Ces produits structurés dits SIV – pour Structured Investment Vehicle – avait comme objectif de diffuser le risque pour le rendre impossible. Ces modèles mathématiques ont fonctionné dans un premier temps. Mais la diffusion du risque a des effets non prévus. Elle organise une sorte de solidarité entre tous les acteurs financiers qui subissent les contre coups de cet effondrement.
Les banques avaient, dans le contexte de la déréglementation financière des années 1980, changé de métier. Elles n’étaient plus l’intermédiaire financier obligé, toutes les opérations financières ne passaient plus par elles mais par les marchés financiers. Du coup, elles sont devenues les conseillers des grandes entreprises pour introduire leurs titres sur les marchés financiers, cautionnant l’émission de ces titres.
Lorsque les ménages américains ont été dans l’incapacité de payer les intérêts de leur dette, toute cette construction financière s’est écroulée et les banques se sont retrouvées en première ligne. L’obligation légale leur était faite de mettre dans leur bilan – alors que toutes les opérations de conseil sont « hors bilan » – les titres en question au prix du marché soit dévalorisés. Certains de ces titres ont été considérés comme « illiquide », autrement dit d’une valeur égale ou proche de zéro. Incapable d’absorber tous ces titres, elles ont affiché des pertes gigantesques.
Devant cette situation, le « chacun pour soi » sonnait. Chaque banque, pensant que sa voisine pouvait faire faillite et ne sachant pas à quel niveau chaque banque était engagée sur le marché des « subprimes », refusait de lui prêter. Or, le système bancaire fonctionne au jour le jour suivant un système de compensation : la banque qui a des liquidités prête à celle qui en a besoin pour faire face à ses échéances. Le « gel » de la compensation devait entraîner les faillites des banques, faute de pouvoir honorer leurs dettes au jour le jour. Les Banques Centrales – la Fed comme la BCE – sont venues, dans un premier temps, au secours des banquiers en prenant la place du système de compensation défaillant. Elles ont dégagé des « lignes de crédit » pour éviter la vague de faillites qui s’annonçait. Continuer la lecture