Polar étrange venu d’ailleurs

Déprime.

Le commissaire Winter, Erik de son prénom, va mal. Un symptôme : il n’écoute plus Coltrane mais… Michael Bolton qu’il cite à toute occasion. Il est séparé de sa famille. Après deux ans d’arrêt, il a repris du service. Commissaire il est, commissaire il reste. On se souvient qu’il a failli mourir au fond d’une piscine et il a été sauvé in extremis. Il lui reste des acouphènes et une profonde déprime qu’il soigne, comme tout le monde, à coups de whiskys. Il a besoin d’un psy lui dit Angela, sa compagne, de l’Espagne où elle est restée avec les filles qui fréquentent l’école espagnole et ne veulent pas revenir à Göteborg où il fait froid et noir pendant une grande partie de l’année. Continuer la lecture

Le coin du polar

La Chine, l’amour et le polar

Peter May vient de Glascow et vit aujourd’hui dans le Lot. A la fin du siècle dernier, il s’était lancé dans une « série chinoise » mettant en scène un couple étrange aux yeux de leurs deux communautés, Margareth Campbell, américaine, médecin légiste et Li Yan, commissaire de police à Pékin. Tout les sépare saut l’amour et les enquêtes policières. Peter May a réussi à unir l’information sur la société chinoise, les préjugés des deux côtés et le roman policier. Une grande réussite que ces 6 enquêtes Peter May La série chinoise 1menées conjointement, mêlant astucieusement vie privée et enquêtes. Les éditions du Rouergue ont décidé de les rééditer en deux Peter May la série chinoise 2forts volumes. C’est un plaisir de les retrouver plongés chacun leur tour dans l’univers de l’autre. Pour appréhender les enfermements dus au rejet de l’Autre simplement parce qu’il est Autre. Peter May participe à une lutte intransigeante contre tous les rejets sans fondements. L’ironie en plus et le rire, le propre de l’être humain, pour dialectiquement réunir les négations. La fin n’est pas réjouissante mais juste. A lire de toute urgence. Continuer la lecture

Le coin du polar (2)

Polar métaphysique

ake EdwardsonSi ce « Rendez-vous à Estepona » n’avait pas été signé par Ake Edwardson – créateur du commissaire Erik Winter et de ces enquêtes dans la Suède d’aujourd’hui renouvelant l’art d’un Henning Mankell, Mankell qui vient de nous quitter en ce début du mois d’octobre 2015 -, je ne vous en aurai pas parlé tellement cette absence d’intrigue soit laisse sur sa faim, soit fait rigoler un peu jaune soit dévoile la fin de l’écrivain Edwardson.
Un publicitaire suédois semble rattrapé par un passé dont on saura peu de choses sinon que c’est l’histoire d’un amour, « éternel et banal » chantait Dalida en reprenant une chanson mexicaine et d’une vengeance d’un de ses amis basque. Il part en Espagne – sur la Costa del Sol quand même – avec sa femme, Rita. S’ensuit un jeu de masques qui se dévoile à la fin sans que le lecteur y participe.
Une des lectures possibles est celle des interrogations d’Ake. Qu’est ce que la fiction ? La réalité ? Où s’arrête la puissance de création de l’auteur ? Les personnages se relèvent-ils à la fin comme au théâtre ou au cinéma ? Comment rendre compte de la réalité de notre monde ? Faut-il le faire ou se réfugier dans un monde métaphysique dans lequel la peur, l’angoisse n’existent pas ?
Ce questionnement, plutôt métaphysique, aurait pu faire l’objet d’un essai mais pas d’un polar. L’auteur voulait perdre – et sans doute se perdre aussi – le lecteur dans un labyrinthe où la voix du narrateur pouvait servir de faux guide et il n’arrive qu’à lasser le spectateur. La scène est vide et les masques n’ont pas besoin de tomber pour aller voir ailleurs si le soleil ne s’est pas levé sur un autre auteur.
Nicolas Béniès
« Rendez-vous à Estepona », Ake Edwardson, traduit par Rémi Cassaigne, 10/18