Jazz ? Rencontre(s) avec Derek Bailey

Musique improvisée.

Le guitariste anglais Derek Bailey (1930-2005) a été un des pionniers de la branche nouvelle dite « Improvisation libre ». Son importance est telle que, dés 1966, il a changé la donne et brouiller les frontières entre jazz – influence qu’il revendique -, musiques symphoniques, Anton Webern a été l’une de ses influences et John Cage pour citer quelques-unes des figures peuplant son univers. Une musique liée à sa vie, à ses expériences, à sa pratique, un terme qu’il affectionne pour décrire sa manière d’être et de faire de la musique. Il a, au sens propre, révolutionné l’art de la guitare. Il a aussi multiplié les rencontres, avec ses pairs, Evan Parker, Paul Rutherford mais aussi Anthony Braxton, Steve Lacy, John Zorn et beaucoup d’autres.
Il écrira, pour indiquer une voie et pas pour donner l’exemple ou des conseils, « L’improvisation, sa nature, sa pratique dans la musique », sorte de vade-mecum personnel de musicien.
Jean-Marc Montera, lui-même guitariste, dans cet essai musicologique : « Derek Bailey », offre une grille de lecture des travaux enregistrés du guitariste. C’est le chapitre clé de ce livre que cette présentation d’ouvrages presque pris au hasard d’une discographie nombreuse via notamment « Incus » le label fondé par Bailey qui lui permettait la liberté nécessaire, vitale.
Le reste de ce livre manque un peu de recul. J’aurais aimé un peu plus de réflexion sur le concept d’improvisation libre. Evan Parker dans « De Motu » – publié chez le même éditeur, Lenka Lente – risquait le terme de « Instant composing » plutôt que « improvisation » pour qualifier la musique en train de se faire. L’improvisation suppose des pré requis. Montera, dans la partie qu’il consacre à la rencontre Bailey/Braxton dit que Braxton avait fixé des règles certes pour les transgresser, mais des règles.
Un livre important pour attirer l’attention sur le guitariste qui a joué un rôle clé dans ces années 1970-80, années de flammes, de rages, de colères et d’humanité.
Nicolas Béniès
« Derek Bailey », Jean-Marie Montera, Lenka Lente, 13 euros.