Le Jazz quand même….


Frontières, je vous hais !

Hubert Dupont, bassiste et contrebassiste, est en train de construire une musique d’un temps qui fait des explosions une manière de survivre en détruisant. Le chamboule tout est devenu le sport à la mode.
Est-il possible de créer dans cet environnement mortifère ? Comment vivre et résister tout en appelant à un monde fraternel de rencontres de cultures pour forger une modernité ? Il a voulu relever le gant en se servant des cultures des opprimés, des cultures qui restent populaires tout en étant savantes. Il a forgé un groupe et des compositions pour répondre aussi à un projet politique, la lutte des Palestiniens pour faire reconnaître leurs droits. « Golan » – dont c’est le volume 2 – en est résulté. Golan est une question de frontières et de définition aussi du possible État palestinien. Un symbole.
Les guerres du Moyen-Orient, des « nouvelles guerres », sont en train de déstructurer toutes les constructions du passé. Les droits démocratiques les plus élémentaires sont bafoués. Les dictateurs se défendent par les moyens de la répression sauvage contre leurs populations. Nous assistons à une barbarie qui dit son nom et ne provoque aucune réaction.
La musique, et elle seule, peut mêler réflexion et émotions. Pour ce concert public, Hubert Dupont a réuni Naïssam Jalal, le percussionniste Youssef Hbeisch, le joueur de Oud Ahmad Al Khatib, le violoniste Zied Zouari et…Matthieu Donarier à la clarinette soit son groupe habituel pour faire sonner une sorte de tocsin aux oreilles d’auditeurs conquis.
Une grande musique, celle de notre temps, celle qui fait danser, celle qui parle au corps et à l’esprit. Ne la ratez pas. Ne ratez pas cette chance de réfléchir tout en dansant. N’oubliez rien, les cultures arabes sont aussi les nôtres.
Nicolas Béniès.
« Al Joulan », volume 2, Hubert Dupont, Golan, Ultrabolic/Musiques de comptoir.