Nouveautés Jazz

Chansons des rues.

busking-v« Busking » soit, en français dans les textes, « en chantant dans les rues », est un album signé par deux musiciens hors normes, Hélène Labarrière contrebassiste et Hasse Poulsen guitariste. Il permet des expériences à partir de chansons que tout le monde a entendues au moins une fois. Même la seule composition de Poulsen donne l’impression d’avoir cette rondeur d’un air déjà entendu.
Pour tenter le diable, il faudrait d’abord entendre ces chansons sans consulter les titres. Ils vous disent quelque chose. Comme une familiarité qui s’évapore à certains moments. Comme une ombre de la connaissance. Vos oreilles et votre mémoire entre dans un combat de titans. Mettre un titre semble hors de portée – dans tous les sens du terme. Vous naviguez entre le connu et le moins connu. Les deux compères se sont visiblement amusés à tout faire pour vous dérouter. Il faut dire aussi qu’il et elle n’ont pas choisi de vous facilitez la voie.

Une fois ce diable tenté, un autre se présente. Vous regardez les titres en faisant jouer votre connaissance, votre mémoire. Et vous remettez le disque. La distance devient inquiétante. Elle suscite des interrogations sur la connaissance.
Pour finir, ces airs ont des airs redéfinis. Les contours ont changé. Mais, soudain, ils prennent une nouvelle dimension et, pour boucler la boucle, vous les reconnaissez dissimulés derrière les masques que Hasse et Hélène leur ont fait prendre pour les faire accepter comme chansons des rues, de celles qu’on chantait avant la construction des tours et la montée du chômage, dans les cours contre un peu d’argent.
Nicolas Béniès.
« « Busking », Hasse Poulsen et Hélène Labarrière, Innacor records, www.innacor.com

Rencontres d’un nouveau type

wo« Awo » est un album signé par le groupe de Lyon « uKanDanZ », du style « vous pouvez danser » manière de faire savoir que la musique se veut dansante tout en proposant d’autres rencontres. Ici, le quartet – Damien Cluzel à la guitare, Benoît Lecomte à la basse, Lionel Martin aux saxes et Guilhem Meier à la batterie – s’est adjoint un chanteur éthiopien, Asnake Guebreyes, une vedette dans son pays, pour un collage étrange et intéressant tout autant que dansant – une gageure. Blues, tous les rocks, métal, hard et le reste mais aussi un peu de la mémoire du jazz qui arrive à surnager de l’ensemble. Je ne sais s’il est possible de reconnaître les chansons traditionnelles du côté d’Addis-Abeba mais quartet et chansons se livrent avec une intensité remarquable pour faire fonctionner ce collage. Tout y est pour faire de « Awo » un succès mondial tellement il correspond à une nécessité vitale pour notre survie, la reconnaissance de l’autre, de sa culture pour construire une fraternité revendicative.
Nicolas Béniès.
« Awo », uKanDanZ, vinyle chez Dur et Doux & Bigoût, www.duretdoux.com CD chez Buda musique