Lecture(s) de vacances (suite)

Le retour d’Ulysse

Si Dante s’est inspiré de la Bible pour « La Comédie » – la « Divine Comédie » dans la traduction usuelle -, James Joyce s’est lui tourné vers « L’Odyssée » de Homère pour « Ulysse », le titre est explicite. En 2004, une nouvelle traduction, sous la direction de Jacques Aubert, permettait de (re)lire ce texte fondateur avec un nouveau regard.
Pour cette édition en poche, cette traduction a été revue comme l’appareil critique pour permettre une lecture plus aisée d’un texte considéré comme illisible. La préface du même Jacques Aubert offre quelques clés de lecture supplémentaires pour lutter contre cette idée toute faite qui empêche le lecteur(e) potentiel(le) d’ouvrir le livre même s’il figure dans les bibliothèques.

Le rajout de titres, non pas de chapitres mais d’épisodes – comme le disait Joyce –, permet de suivre le cheminement, à l’image de celui d’Ulysse, des personnages s’exprimant à l’aide de monologue. Les pérégrinations de Leopold Blum, de Molly Blum et de Stephen Dedalus deviennent plus limpides. Joyce est à Homère ce que la physique quantique est à la physique, une sorte de voyage en raccourci dans l’infiniment petit, un jour face aux 10 ans de l’Odyssée. Mais un jour peut receler, révéler toute une vie. Plus exactement, une vie peut basculer dans ces 24 heures.
Il ne faut pas hésiter à se perdre dans ce foisonnement de références, d’histoires, d’Histoire, de mémoire, de souvenirs, de langues. Une odyssée moderne dans un environnement en train de basculer, dans ce 20e siècle inscrit dans un déluge d’espoirs de changements et du feu terrifiant des barbaries. La première parution date de 1929, une année clé dans l’histoire du monde.
Ce livre là marquait la fin du roman tel que le 19e siècle le considérait et le début d’une nouvelle ère. La question, comme l’avait noté Georges Pérec, devenait « comment écrire après Joyce ? ». Pérec allait trouver un début de réponse dans le free jazz des années 1960 pour se créer de nouvelles contraintes et, ainsi, organiser de nouvelles structures.
Trois raisons donc de se plonger dans cet univers qui changera votre manière de lire : Une édition de poche, une traduction revue et corrigée, un appareil critique doublé d’un index pour ouvrir la voie à une autre lecture.
Nicolas Béniès.
« Ulysse », James Joyce, traduction sous la direction de Jacques Aubert, Folio.