A Boris Vian et au jazz (article publié dans Critique Communiste)

A l’adolescent pataphysicien pressé

Boris Vian.

Aucun anniversaire ne nous est désormais épargné. Les enterrements se succèdent sous la forme de la commémoration. Peut-on y résister ? La réponse ne viendra que plus tard. Il est des auteurs qui reviennent sur le devant de la scène pour s’affirmer comme fantômes vivants malgré le poids des ans. Boris Vian aurait eu cette année 79 ans – il était né le 10 mars 1920 à Ville-d’Avray. Pas croyable ! Il est mort le 23 juin 1959 à la projection privée de “ J’irai cracher sur vos tombes ”, film issu du livre publié en 1946 sous le pseudonyme de Vernon Sullivan et qui fît un énorme scandale. Aujourd’hui, le lecteur se demande pourquoi. Ce temps était celui des caves, des “ existentialistes ” – Sartre, De Beauvoir -, du jazz – surtout -, celui de Saint-Germain-des-Près décrit par les gazettes comme le repaire des sans-lois, des zazous. Boris Vian allait synthétiser toute cette haine contre la-jeunesse-qui-ne-respecte-rien. Il en avait tous les attributs. Une intelligence singulière, un refus des lieux communs, une volonté de travail pour faire oublier ses faiblesses physiques et par-dessus tout l’amour du jazz. Il jouait, on s’en souvient, de la trompinette dans l’orchestre Abadie pendant la guerre, courant des risques – comme Django – en rentrant à la levée du jour malgré le couvre feu. Il sera obligé d’abandonner son instrument. Il se fera parolier en parodiant – là encore – le rock naissant. Henri Salvador sera son instrument de diffusion. Ils feront des succès. Ironie d’une histoire sans rebondissements.

Entre temps, et la vie est dans cet “ entre ” – comme insiste James Sallis dans son dernier roman, “ La mort aura tes yeux ”1 -, il aura publié L’écume des jours, le roman de toutes les adolescences, de toutes les angoisses, de toutes les découvertes avec en arrière fond la musique insistante, têtue de Duke Ellington,2 et la poésie comme seule façon d’appréhender le monde.3

Fayard a décidé, pour lui rendre hommage, de publier ses œuvres complètes, sous la direction de Gilbert Pastureau et sous l’autorité d’Ursula Kübler, la deuxième Madame Vian. Noël Arnaud, dont la fausse-vraie biographie, “ Les vies parallèles de Boris Vian ”, vient d’être réédité au Livre de Poche, offre une préface très pataphysicienne4 et très informée, manière de rester fidèle à Bison Ravi. Quatorze volumes sont prévus couvrant tous les domaines d’activité d’un homme qui n’en manquait pas. Trois tomes sont disponibles. Le premier et le deuxième couvre les premières années du romancier, avec un inédit “ Contes de fées à l’usage des moyennes personnes ” datant de 1942, comme “ Trouble dans les andains ”, nouvelle qui fut publiée en 1946. Le Major que l’on retrouve dans les nouvelles de cette époque, mourra en confondant la porte et la fenêtre du deuxième étage. Chet Baker, en mai 1988, suivra le même chemin… Le tome 1 se termine avec… J’irai cracher sur vos tombes. A la relecture, il est loisible de s’apercevoir que Boris avait saisi le “ feeling ” – avec mes excuses pour cet anglicisme – des grands auteurs de polar, dont Hammett et Chandler – qu’il traduira. Au-delà du pastiche, l’intrigue résiste comme les descriptions d’une réalité poétisée. Le tome 1 s’ouvre avec l’Ecume des jours – c’est peu de dire qu’il n’a pas vieilli, il date pourtant de 1946 – et se termine par deux Vernon Sullivan, deux redécouvertes nécessaires.

Le volume 6, le dernier pour le moment, est le premier d’une série de trois qui traitera du jazz, influence première et fondamentale pour comprendre l’œuvre et l’homme. Cette musique-art-de-vivre avait transformé sa vie, comme beaucoup de ses contemporains – et des miens. Qu’on ne croit pas que ces chroniques soient réservées uniquement aux amateurs. La revue de presse est une charge contre les imbéciles de tout genre. Et ils sont nombreux. La lire, c’est prendre une cure d’intelligence, de mauvais goût délibéré pour défendre le goût tout court, d’impertinence mêlée comme il se doit à la révolte contre la connerie.

Relire Boris Vian fait du bien. Il est sans nostalgie, comme le jazz lui-même, et toujours jeune et révolté.

Nicolas BENIES.

Livres sous revue :

Œuvres de Boris Vian, tomes 1, 2, 6. Fayard, 1999.

Noël Arnaud : Les vies parallèles de Boris Vian, 5éme édition, Livre de Poche, 1998.

James Sallis : La mort aura tes yeux, Gallimard, Collection La Noire.

Une grande première : une histoire du jazz en France !

On ne le savait pas mais cette histoire nous manquait. Ludovic Tournès ouvre une voie avec New Orleans sur Seine, histoire du jazz en France (Fayard). Comment cette musique-art-de-vivre née sur le territoire américain, résultat de ce choc de titans entre toutes les cultures européennes, africaines et amérindiennes – oubliées le plus souvent -, provenant de l’esclavage de populations africaines déportées, a-t-elle pu s’imposer en France et contaminer la littérature – Boris Vian en est un exemple5 – comme toutes les autres formes d’art, la peinture en particulier Matisse réalisant “ Jazz ” ? Tournès répond par le concept d’acculturation, “ ensemble des phénomènes qui résultent d’un contact continu et direct entre des groupes d’individus de cultures différentes et qui entraînent des changements dans les modèles culturaux initiaux de l’un ou l’autre des deux groupes ”. Il oublie de préciser que le jazz – comme le blues – est aussi le résultat de cette acculturation dans les conditions précises des Etats-Unis de cette fin du 19éme début du 20éme. Là est, peut-être, l’explication de la capacité du jazz à s’adapter à d’autres contextes, à d’autres cultures pour les faire évoluer, là est peut-être sa force qui tient du rire, qui tient à la révolte exprimant par-là toutes les autres révoltes.

Comme il est de bon ton pour un historien, il commence en 1917 avec le débarquement en France des troupes américaines venues au secours de la victoire. Dans leur bagages, les orchestres de jazz – on parle de jazz ou de jass band à cette époque – notamment celui de Jim Reese Europe – c’est son vrai nom – ou les Mitchell Rhythms Kings. Cocteau sera l’un des premiers à se convertir à la nouvelle musique comme Charles Delaunay en rupture de ban avec ses peintres de géniteurs. Cette première période fait, évidemment, la part belle à celui qui allait devenir le “ pape ” de la critique de jazz en France, Hughes Panassié. Avec intérêt, on apprendra que les premiers “ Hot Club ” réunissait des militants du PC aux côtés de Panassié plutôt maurrasien et adepte de Maritain et de Bloy. Apparaît ainsi nettement son penchant religieux et son interprétation du jazz comme la seule culture existante alternative à la décadence de l’Occident. Tournès passe trop de temps ensuite sur la “ guerre froide ” qui sévit dans les petits mondes du jazz entre les tenants de Panassié et ceux de Delaunay. L’intérêt tient dans le rappel des références philosophiques différentes entre l’ancienne et la nouvelle critique. Lucien Malson, par exemple, a été formé à l’école des sociologues et ethnologues américains et fait surgir à la fois les soubassements sociaux et la subjectivité, façon de répondre aux exclusions panasséennes, tandis qu’André Hodeir pratique l’analyse de la musique jetant les bases d’une critique plus scientifique.

Ces années 50 étaient vraiment le temps des exclusions…

Il fait la peau, dans le même mouvement où il décrit les activités de résistance de Charles Delaunay et le vichysme d’Hughes Panassié, à une idée reçue. Le jazz aurait été interdit par les autorités durant l’Occupation, alors que, comme me l’a raconté Christian Bellest trompettiste dans les orchestres de jazz, jamais les concerts de jazz n’avaient été autant fréquentés. Un certain nombre de critiques de jazz de l’école de Panassié œuvraient dans les journaux collaborationnistes. Par contre était interdit la danse… et de jouer des œuvres des auteurs Juifs comme Gershwin…

Il décrit la naissance de l’industrie du jazz, disques avec Vogue et Barclay (d’abord Blue Star) passant de l’artisanat à la grande industrie, le développement chaotique du jazz à la radio, la place de Sim Copans – essentielle, surtout en ce qui concerne la découverte du gospel – comme celle de l’émission sur Europe 1 “ Pour ceux qui aiment le jazz ” de Frank Ténot et de Daniel Filipacchi, l’implantation des festivals de jazz (dont celui de Coutances), les revues de jazz, les changements de points de vue, l’arrivée massive des maoïstes dans les rédactions de Jazz Hot et de Jazz Magazine, tout en passant sous silence les avancées théoriques dans l’analyse et les batailles de chiffonniers entre les tenants de Coltrane et les autres. Cette absence tient peut-être à cette façon de considérer les “ jazzfans ” – de fanatiques, comme il le rappelle justement – comme des “ puristes ”, incapables de considérer le reste de la population et s’enfermant dans leur “ ghetto ”. Il oublie que la confrérie des amateurs de jazz a, comme toute confrérie, son langage, ses références qu’il vaut la peine de révéler, pour éviter de s’enfermer dans “ son ” monde.

Le manque le plus béant, pourtant, est l’absence de passion. Comment parler de cette musique-art-de-vivre sans s’y impliquer soi-même ? Impossible. Les nécessités de l’historien, de la démarche scientifique peuvent aller de pair avec la transmission d’une culture, de cultures. Le jazz a changé notre vie nous obligeant à voir et à entendre différemment qu’il fait partie intégrante de notre culture, de nos références. Le style est peu trop plat, pour tout dire. L’absence de conclusion en résulte. Quelle est la place du jazz aujourd’hui ? C’était la question qu’il ne fallait pas poser…

Malgré ce manque, Tournès comble un vide. Il fera, du moins je veux le croire, réagir et conduira à d’autres réflexions pour dessiner les contours de cet espace culturel pour le moins curieux, une musique synthétisant la liberté, l’égalité et la fraternité.

NB

BMG, par la grâce de Daniel Baumgarten et Remi Sommers, réédite tout le catalogue Vogue permettant “ d’entendre ” le livre de Tournès. D’abord le pianiste – qui deviendra producteur chez Columbia, racheté par Sony – Henri Renaud. Il a joué avec les plus grands, Al Cohn, Stan Getz… aux Etats-Unis où il a failli faire une carrière. Pour des raisons indéterminées, il est revenu en France, abandonnant le piano en tant que professionnel. En 1953, il avait constitué un trio avec le guitariste américain installé en France Jimmy Gourley, Pierre Michelot à la basse – choisi par tous les Américains de passage pour les accompagner – et Jean-Louis Viale à la batterie – dans les premiers temps on parlait de “ jazz ” pour appeler cet instrument étrange résultant des différents acculturations du jazz. Nous sommes en 1953, et ils sont très influencés par le “ cool ” forme de jazz dominant à cette époque. C’est visible aussi dans le “ All Stars ” composé cette même année où l’on retrouve la plupart des musiciens français de l’époque. Le CD est complété par des enregistrements de 1955, Henri Renaud sextet, avec le guitariste belge, grand poète de l’instrument, René Thomas et Jean-Louis Chautemps au saxo ténor.

André Hodeir, dont il est beaucoup question dans ce livre, avait énormément enregistré pour Vogue notamment des musiques de film pour Cousteau (en 1949) qui sont reprises ici. Esquisse I (de 1954) fait l’objet d’une analyse par Tournès et cette réédition, Vogue sessions, s’imposait.

Enfin, pour l’heure, le saxophoniste belge Bobby Jaspar qui a participé de très près à la plupart des expériences hodeiriennes. Ici, il est en compagnie du joueur de cor David Amram, en 1955, pour des recherches de couleurs sonores. Le tout est un peu daté, mais le talent de l’un et de l’autre permet de faire passer l’ensemble. Sacha Distel, guitariste, faisait ses premières armes dans ces années là…

NB

Disques sous revue :

Henri Renaud, Trio, Sextet et All Stars ;

André Hodeir, Vogue Sessions ;

Bobby Jaspar, featuring Dave Amram. BMG avait réédité, dans cette même collection les Bobby Jaspar des années 53-54.

L’IMPROVISATION. Sa nature et sa pratique dans la musique. Derek Bailey, traduit de l’anglais par Isabelle Leymarie.

*Outre Mesure, collection Contrepoints, Paris, 1999, 158 pages, 120 F.

L’improvisation peut-elle se codifier ? La question semble n’avoir pas lieu d’être. Derek Bailey, guitariste anglais né en 1930 et aventurier musical sans complexe, répond en se référant au contexte. La musique indienne, le flamenco, le jazz, la musique baroque, la musique contemporaine ont toutes des formes d’improvisation spécifiques. Elle est à la fois culture dans le sens d’expression de la mémoire, des racines et possibilité de les dépasser pour créer une autre façon de «jouer », une autre manière d’entendre et ainsi enrichir la culture de chefs d’œuvre. L’improvisation c’est une liberté à la fois totale et limitée. Limitée par le temps de l’expression totale en ce qu’elle ne reconnaît que les règles que le musicien veut bien s’imposer. « L’improvisation, affirme-t-il, trouve dans la pratique musicale son meilleur véhicule et que la pratique musicale s’exprime de la façon la plus adéquate par l’improvisation. » A travers elle, il arrive à donner des repères pour apprécier des genres musicaux différents.

Derek Bailey plaide pour la liberté la plus totale de création, pour sortir des sentiers battus, pour les grands espaces définis collectivement. Comme disait Duke Ellington – qui fait l’objet d’un essai, Plaisir d’Ellington, d’Alain Pailler, Actes Sud – « La meilleure improvisation est celle qui a été la mieux préparée ».

NB

Les 100 ans d’Ellington

Ellington sera commémoré. Embaumé le « Duke ».6 Fini. Mort une deuxième fois. Mais il résiste. Malgré Le Lincoln Center Jazz Orchestra, un orchestre dirigé par le trompettiste Wynton Marsalis qui veut faire accéder le jazz au même statut que la musique classique, ne sachant pas comment retrouver les sonorités de l’orchestre d’Ellington en jouant les partitions du maître. Tous les critiques le soulignent de Down Beat7 à Alain Pailler,8 le mystère Ellington reste entier. Ces couleurs ne se retrouvent pas. La partition, de la main du Duke pourtant, est incapable d’indiquer les variations nécessaires pour renouer avec cette magie qui nous enchante à l’écoute de ces compositions, surtout celles où le génie éclate, dans ces années 1940-42. La raison ne se trouve pas dans l’improvisation. Les hommes – les femmes sont chanteuses, et il les aimera, ou danseuses, jamais musiciennes à l’exception de la pianiste-arrangeure Mary Lou Williams qui lui vendra ce « Trumpet no End » – de l’orchestre jouent la partition, à l’exception de leurs solos bien sur, contrairement à une idée reçue. Comme le dit Clark Terry – qui fut longtemps le trompettiste vedette de cet orchestre de vedettes – la partition évoluait d’un côté et de l’autre ils la connaissaient par cœur et par-là même ils donnaient l’impression d’improviser collectivement, impression fausse à la différence de l’orchestre de Count Basie qui privilégiait dans les années 30 les « head arrangements », les arrangement de tête, sur le moment. Alors d’où provient le fossé entre les enregistrements de l’orchestre et leur répétition caricaturale par le Lincoln Center Jazz Orchestra ?9 D’une rencontre. De plusieurs rencontres. Duke n’écrivait pas – et Pailler y insiste à juste raison – pour un saxophoniste alto. Il écrivait pour Johnny Hodges. Il n’écrivait pas pour un saxo baryton, mais pour Harry Carney… Il faudrait multiplier les références. Parler de chacun dans ses relations avec le chef. Parler de Juan Tizol, improvisateur faible dont le chef écrivait tous les solos, parler de Barney Bigard clarinettiste de la Nouvelle Orléans aux glissandos faramineux donnant l’impression – fausse – d’une descente chromatique, ou encore de Cootie Williams ou de Ray Nance, violoniste dans la grande tradition tsigane à ses heures, surtout trompettiste et chanteur drolatique. Parler de Billy Strayhorn, engagé comme parolier en 1939 et qui deviendra l’alter ego du Duke, tellement qu’il sera très difficile de savoir si l’un n’est pas l’autre et vive versa. Parler aussi de son homosexualité qui le rendait renfermé et mélancolique, capable de chanter via ses compositions ou son piano, le blues toujours renouvelé. Billy Strayhorn celui qu’on oublie pour ne se souvenir que de l’éclatant Ellington. Il savait rendre l’hommage qu’il fallait à Billy… A sa mort Duke lui consacrera un album « …and his mother called him Billy ». Parler aussi de Sonny Greer, percussionniste, coloriste étrange… Refaire le livre de Pailler en quelque sorte…

Un reproche à Pailler, non pas sur l’essai mais sur le livret qui accompagne l’album publié par Frémeaux et associés. A propos du Duke autodidacte – self-taught disent les Anglais ce qui n’a pas tout à fait la même signification. A trop insister sur cet aspect on tombe vite dans les délires de Panassié10 et sur l’école castratrice. Dire, c’est parce que le Duke n’avait pas appris l’art de l’arrangement qu’il ne savait pas ce qui était permis ou pas et donc ainsi trouver de nouvelles voies, c’est faire fi de la formation d’Ellington – même s’il peut s’agir d’une auto-formation, -, de sa culture, de sa capacité à s’informer, à travailler. Car Duke a suivi des cours et notamment ceux de sa professeure de piano, mais aussi des pianistes de Harlem, lui qui était né à Washington DC, comme James P. Johnson ou surtout Willie « The Lion » Smith. Cette école-là devait être aussi contraignante que l’autre, l’officielle.

Le mystère reste donc entier, 25 ans après la mort du Duke. Avec lui s’est évanoui le secret de son alchimie. Il nous reste ses enregistrements. L’essentiel. Pailler nous en offre une sélection dans ce coffret de 1938 à 1945, surtout pour présenter les hommes du Duke. Masters of Jazz (distribué par Média 7) est en train de publier l’intégrale des enregistrements du Duke. Ils en sont au volume 10 et en juin 1930. BMG – propriétaire du label RCA – prévoit de publier un coffret de 24 CD couvrant toutes les périodes, tandis que Columbia – Sony Music – réédite sa collection des années 50, en particulier le concert de Newport de 1956 qui a marqué la résurrection du Duke. De quoi se faire une partie de l’univers ellingtonien.

Ellington fait partie des génies de ce siècle qu’il n’est pas possible d’ignorer. Ce centième anniversaire est une occasion de le faire revivre. Dans vos oreilles, dans votre corps, dans votre esprit…

NB.

1 Gallimard, collection La Noire.

2 Actes Sud a pris un risque en publiant un essai d’Alain Pailler sur Ellington, “Plaisir d’Ellington ”, pour le remettre à sa place, la première. Un grand compositeur du 20éme siècle.

3 Citons une fois encore James Sallis qui, subtilement, paie sa dette à Boris Vian et aux poètes français – Appolinaire en l’occurrence – et italiens, Cesare Pavese dont est tiré le titre de son roman.

4 Discipline dont le fondateur est Alfred Jarry.

5 Boris Vian est sans doute le plus cité, avec André Hodeir, dans cette histoire. C’est logique. Il fût à la fois critique de jazz, romancier sans succès – mis à part le scandale de J’irais cracher sur vos tombes -, parolier – il a écrit Le déserteur en pleine guerre d’Algérie chanté par Mouloudji, et des rocks pour Henri Salvador, le seul vrai chanteur de blues français – chanteur sans succès non plus, directeur de collection… Une histoire du jazz en France ne peut ignorer ce caméléon qui faisait profession de ne pas travailler, seulement dans le sens du travail aliéné.

6 Duke sera son surnom provenant de sa manière de s’habiller, à l’école. Son père, majordome, lui avait donné cette habitude de s’habiller avec soin. De plus il faisait partie d’une bande, d’une cour où il devait y avoir un roi, et lui était duc. Comme souvent ce surnom lui est resté.

7 La plus vieille revue de jazz américaine consacre son numéro d’avril au Duke, « Happy Birthday, Duke ! » annonce une série d’articles et la reprise d’une interview d’Ellington donnée à Stanley Dance – un Anglais spécialiste d’Ellington – où le chef compare le jazz et la cuisine.

8 Il lui a consacré un essai, « Plaisir de Ellington. Le Duke et ses hommes, 1940-42 » (Actes Sud) et un coffret de deux CD publié par Frémeaux et associés (distribué par Night & Day), sous le même titre. Façon de rendre compte de l’osmose entre le chef et ses hommes, entre une manière d’écrire et l’orchestre. Sans parler du pianiste…

9 Ces enregistrements sont disponibles sur Columbia, distribué par Sony Music.

10 Voir donc « New Orleans sur Seine » de Ludovic Tournès chez Fayard.